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 Le monde de Sekai

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MessageSujet: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeLun 19 Mar - 13:58

Bon, comme je me sens un peu inutile dans ce forum, vais mettre ma fic!

Prologue : L’enlèvement


Il faisait nuit lorsque le Sombre arriva à la maison des Dardands . Ou plutôt la chaumière car les Dardands n’étaient pas riches : vieille famille de paysans, ils avaient toujours vécu modestement au cours des siècles et toujours en règle avec les lois, même lors des Années Pendules. Cela leur suffisait cependant pour vivre et leur demeure reflétait l’état d’esprit qui se succédait de génération en génération : une chaumière en terre cuite avec du lierre poussant sur la façade sud et de la fumée s’échappant d’une cheminée en briques. Une sensation de calme et de tranquillité se dégageait de l’endroit.
M. Emile Dardand fumait sa pipe au coin du feu pendant que Mme Régine Dardand couchait le petit Théo. Le Sombre frappa à la porte, M. Dardand lui ouvrit. Comme tous les membres de son espèce, il était grand, brun de cheveux, de corpulence moyenne. Il portait une tunique violette avec une plume d’oie blanche brodée dessus et avait un regard glacé.
Bien que surpris par cette visite imprévue à une heure aussi tardive, M. Dardand l’accueillit chaleureusement et lui proposa à boire après qu’ils se soient assis :

- Non merci, refusa le Sombre, je suis en mission, en mission pour la Bibliothèque.

Emile haussa les épaules : les Sombres étaient toujours taciturnes et peu enclin à la détente. De plus, il avait vu à la plume que c’était un Sombre de la Bibliothèque. Non, ce qui l’intriguait était la raison de sa présence chez lui.

- C’est pour le marquage ? Nous sommes en règle.
- Je le sais, je ne suis pas venu pour cela

M. Dardand s’en doutait, pour le marquage c’était les gars de la capitale qui venaient, pas ceux de la Bibliothèque. Le Sombre reprit la parole :

- Je suis ici pour vous annoncer une excellente nouvelle. J’ai l’honneur de vous informer que votre fils a été choisi par le Registre pour devenir l’un des nôtres.

Le brave paysan faillit s’étouffer avec sa pipe. Comment ? Théo allait être un Sombre ? Il allait être comme ces pourritures ? Son propre fils ? Jamais !
Il exprima à la pourriture son opinion et celui-ci soupira avant de sourire :

- Je suis navré mais nul ne peut contester les décisions du Registre.

Et il disparut. Emile étouffa un juron et grimpa l’escalier quatre à quatre. Il s’arrêta sur le seuil de la porte de la chambre de son fils et vit ce qu’il redoutait de voir. Régine gisait assommée au pied du berceau vide. Le Sombre était parti. Avec Théo.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeLun 19 Mar - 13:59

Chapitre 1 : Où l’on apprend qu’aller aux toilettes n’est pas toujours une bonne idée


- Qui peut me rappeler la légende des Furias ? demanda Mme Erudit, la professeur d’histoire ancienne, Rudolf ?

Personne ne fut surpris lorsque Rudolf Obtus l’énonça sans hésiter. Jeune homme blond au regard d’émeraude, à la stature droite et à l’allure sèche, c’était un brillant élève qui était toujours le premier de sa classe. On le surnommait l’incrédule en raison de sa manie de toujours vouloir trouver une explication logique et rationnelle à un phénomène ; pour lui tout était explicable, même le plus étrange des mystères. Il possédait en outre un caractère bien trempé et était intraitable envers ceux qu’il haïssait. Ce qui était le cas de Frédéric.
Frédéric Rueffag était le garçon aux cheveux noirs et l’air hébété assis au second rang. Malgré son apparence, il était d’une rare intelligence et possédait un cœur d’or. Son problème est qu’il était très maladroit, d’une malchance incroyable et qu’il se fourrait toujours dans de mauvaises situations sans le faire exprès. C’était justement à cause de cela qu’il s’était attiré la haine de Obtus
Un jour que leur classe visitait la citadelle de Broturien, Frédéric avait trébuché et était tombé sur Rudolf qui avait dû faire un saut en arrière pour l’éviter. L’ennui résidait dans le fait que la fosse à purin se trouvait juste derrière. L’incrédule ne lui avait jamais pardonné.

A la sortie de l’école, Frédéric demanda à son meilleur ami Victor Curafre si il voulait venir goûter chez lui :

- Et comment ! S’exclama le garçon, ta mère a du goût pour le thé ! Goûter !

Brun aux yeux marrons, Victor était plein de malice et toujours de bonne humeur. Il avait également une passion pour les jeux de mots et en faisait très souvent, ce qui pouvait devenir agaçant à la longue.

- Encore à débiter tes jeux de mots stupides ? Fit une voix derrière eux.

Ils se retournèrent et virent Rudolf. Victor l’apostropha joyeusement :

- Tiens ! Mais c’est ce cher incrédule ! Comment vas-tu ?
- Arrête de m’appeler comme ça.
- Tu n’aimes pas le poisson ?
- Hilarant…..
- Comme d’habitude, conclut le jeune homme avec un grand sourire.

Frédéric demanda alors à Obtus ce qu’il désirait.

- Ce que je veux ? Toujours la même chose : te rendre la monnaie de ta pièce !
- Encore cette histoire, soupira Frédéric, je t’ai déjà dit que je ne l’avais pas fait exprès et que je m’excusais.

Et sans attendre la réponse de l’autre, il tourna les talons et s’en alla, suivi de Victor :

- A ta place, je l’aurais jeté.
- Non, j’ai fait une erreur et je l’assume. Cela ne me dérange pas.
- Tu es toujours bien rangé de toute façon.
- C’est vrai que tu es lourd parfois.
- Je ne fais que 53 kg pourtant !

Pendant qu’ils se dirigeaient vers la maison de Frédéric, un événement se produisit qui allait les entraîner dans une histoire incroyable.


La Bibliothèque, citée de la connaissance et de la magie, s’étendait dans la plus grande vallée des Montagnes Rouges.
Entourée d’une triple rangée de remparts sur lequel se tenait en permanence de nombreux gardes pour la protéger d’une éventuelle attaque des harpies vivant aux alentours, on y accédait par un grand portail orné du blason de la ville : une plume d’oie blanche sur fond violet.
Les rues étaient étroites, sinueuses et des individus en tout genre s’y pressaient, allant du riche marchand au voleur pouilleux. Une tour dominait l’ensemble, c’était là que vivaient le Registre et plusieurs grands magiciens.
Les toilettes de cette tour était une oasis pour les personnes possédant un estomac fragile. Un homme d’une soixantaine d’année portant une robe bleue et une barbe blanche s’y rendait justement en marmonnant qu’il n’aurait pas dû reprendre sept fois de ce sanglier rôti aux fraises et arrosé à la crème de soja au dîner.
Cet homme était un magicien et se nommait Jelifar. Très respectueux des traditions et de la magie, il détestait la jeunesse qu’il trouvait trop insouciante, insolente et irrespectueuse. Sa qualité en matière de magie était modéré car très aléatoire. Il se trouvait à la Bibliothèque pour soumettre au Registre sa thèse sur les glousseurs à poils longs qui, selon lui, allait révolutionner le monde.
Pour l’heure, il allait vérifier la théorie de soulagement du corps après la vidange de la vessie. Il s’installa donc à un compartiment libre et constata avec satisfaction que la théorie était exacte. C’est alors qu’il entendit des voix provenant de la pièce à côté :

- Vous avez du nouveau ? Demanda une voix rocailleuse avec un soupçon de nervosité dans le ton .
- Pas encore, mais mes hommes cherchent dans chaque endroit où il y a un coin d’ombre, lui répondit une voix qui avait quelque chose d’inquiétant à entendre, ce n’est qu’une question de temps.

Jelifar s’interrompit dans sa tâche et leva la tête, surpris. Il connaissait ces voix.

- Du temps, du temps, on voit bien que ce n’est pas à vous qu’Il demande des comptes, et Il s’impatiente ! reprit la première voix.
- Vos mages n’ont rien trouvé ?
- Ils épluchent les livres anciens mais sans résultat. Nous devons trouver cette pierre très vite ou Il nous fera exécuter !
- Pas de danger pour moi, je Le connaît depuis longtemps et je pourrais me débrouiller avec Lui. A votre place c’est plutôt pour votre peau de couard que je m’inquiéterais.
- Comment osez-vous me parlez sur ce ton ! Vous……un simple Sombre !

L’autre ricana :

- Nous verrons bientôt lequel de nous deux est le moins important…..

C’est alors que Jelifar éternua. Une poussière de cèdre emportée par le vent était rentré par la fenêtre et lui voletait autour. Il était allergique au cèdre. Les voix se turent, une porte claqua et un homme entra. C’était Ulrivan, le bibliothécaire du troisième étage.

- Que faites-vous ici ? dit-il d’une voix rocailleuse.
- Ben ce que l’on fait dans des toilettes, j’urine.
- Oui c’est évident, excusez-moi.

Et il sortit. Jelifar, trop heureux de s’en sortir à si bon compte, se hâta de l’imiter et de s’éloigner. Il était perplexe : quelle était cette mystérieuse pierre dont avait parlé Ulrivan ? Et ce Il qu’il semblait craindre ? Et surtout pourquoi avait-il parlé avec ce capitaine Sombre ? Comment s’appelait-il déjà ? Ah oui, Théo Dardand.
Absorbé dans ses pensées, il ne vit pas la patrouille de gardes et leur rentra dedans. Ceux-ci lui indiquèrent qu’ils avaient eu l’ordre d’évacuer la tour car un gnarax s’était échappé de la ménagerie du huitième étage et tuait tout sur son passage. Il les suivit sans poser de questions. Ce n’est que lorsqu’il s’aperçut qu’ils se dirigeaient dans la direction opposé à la sortie qu’il subodora quelque chose de louche. En effet, ils le menèrent dans les cachots du sous-sol et l’enfermèrent dans une petite cellule malgré ses protestations.
Il y trouva un parchemin sur un tabouret bancal qui portait ces mots :

« Bienvenue dans votre nouvelle maison, j’espère que vous vous y plairez car vous ne la quitterez plus. Personne ne sait que vous êtes ici et personne ne le saura jamais. Adieu

Un capitaine Sombre qui n’aime pas les curieux »


Jelifar se mit alors en colère. Ah il n’aimait pas les curieux ce sale Théo ! Et bien il allait lui montrer sa puissante magie !
Rassemblant ses forces, il se mit à invoquer des puissances infernales pour détruire le mur et s’échapper, ce qui fit un trou………..de trente centimètres de diamètre.

- Hum ! Je n’ai pas dit mon dernier mot ! Je vais faire apparaître un passe-partout pour ouvrir la porte ! Aaaaaaaaaarakduuuuuum ! prononça-il avec une pose mystique.

Et il fit apparaître…………….un pigeon. Sa magie était trop aléatoire. Il ne perdit cependant pas son sang-froid et se mordit le bras pour faire couler celui qui se trouvait dans ses veines. Il arracha alors une plume du pigeon, la trempa dans son sang et écrivit derrière le parchemin de Dardand un appel au secours. Il accrocha le papier à la patte de l’animal, le lança à travers le trou et le regarda s’envoler en priant pour que quelqu’un lise le message.
Puis il s’assit sur le tabouret et se promit que s’il s’en sortait, il n’irait plus jamais aux toilettes.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeLun 19 Mar - 14:00

Chapitre 2 : Il ne faut pas martyriser les animaux !


Le pigeon de la forêt de Calambour, cet animal remarquable, est capable d’effectuer de longues distances sans se fatiguer et en mangeant peu. C’est pour cette raison qu’il est domestiqué afin de servir de messager, car il apporte les lettres en un temps record.
Le pigeon invoqué par Jelifar était un pigeon de Calambour. Il traversa aussi haut qu’il le put les ruelles de la Bibliothèque pour ne pas tomber sur des mendiants affamés qui l’aurait rôti à la broche, survola les remparts et commença à voler au hasard à travers la montagne. Il se demandait (et oui, un pigeon ça réfléchit parfois!) comment il avait pu passer de son arbre vert dans sa forêt chatoyante avec sa compagne à cet endroit humide et puant en compagnie de ce vieillard bizarre qui lui avait arraché une plume et fourré un papier sur la patte. L’oiseau en était là de ses pensées lorsqu’il sentit quelque chose le frôler. Levant la tête, il aperçut la harpie qui venait de le manquer de peu.
Triste résultat de l’union d’une femme et d’un gryffon, les harpies avaient profité de la période d’anarchie des Années Pendules où le pouvoir n’avait cessé de changer de main pour prendre d’assaut la capitale en compagnie des Gnarax. Elles avaient été repoussées de peu et exterminées. Les survivantes s’étaient alors repliés dans les Montagnes Rouges et autour de la Bibliothèque. A présent elles attaquaient tout ce qui passait dans la montagne, ce qui rendait l’endroit très dangereux à traverser sans une forte escorte.
Celle qui avait attaqué le pigeon était particulièrement affamée et fit claquer ses ignobles serres d’impatience. Celui-ci se mit alors à voler aussi vite qu’il le put pour ne pas finir en chair à pâtée. La créature poussa un hurlement strident et se lança à sa poursuite. Une course effrénée commença alors à travers les rochers de la montagne, ayant pour enjeux la satisfaction d’un estomac et la survie d’une existence. La vitesse du pigeon était de plus ralentie de par le poids du message.
Malheureusement pour elle, la harpie n’avait pas mangé depuis trois jours et sa vue commençait à se brouiller. Elle vit deux rochers, voulut passer au milieu et s’écrasa sur le seul rocher qu’il y avait en réalité. N’en croyant pas sa chance, le pigeon s’enfuit sans demander son reste.
Il finit par sortir des montagnes et vola durant trois heures sans ralentir jusqu’à un petit village appelé Dante. Epuisé et à bout de forces, il tomba, passa à travers une lucarne et atterrit au pied de deux garçons.




Victor et Frédéric, après avoir goûté, bûchaient sur leurs devoirs dans la chambre de Frédéric tout en discutant de tout et de rien (et faisaient surtout ça d’ailleurs) lorsque quelque chose tomba du plafond sur la moquette devant eux.

- Ca m’a tout l’air d’un pigeon, commença Frédéric en s’approchant.
- Ta perspicacité m’étonnera toujours !
- Bon ça va, on dirait qu’il a quelque chose attaché à la patte.

Frédéric s’agenouilla et prit délicatement le pigeon dans sa main. Il détacha le morceau de papier un peu brusquement et l’oiseau sursauta.

- J’ai l’impression que le voyage l’a rendu fou, il perd la tête ! dit Victor.

Intrigué, le garçon releva la sienne et mit la main devant la bouche : si le pauvre animal avait sursauté, ce n’était pas en raison de sa brusquerie mais à cause de la patte du chat qui venait de lui arracher la tête.

- C’est horrible ! s’exclama-il.
- En effet c’est terrible, il est en train de saigner sur la moquette, ta mère va te tuer.
- …

Le chat, lui, ne perdit pas de temps : il attrapa le reste du pigeon des mains de Frédéric avec le message et avala le tout.

- Fougueux !
- Ah ben il avait faim ton chat, constata Victor.
- Faut récupérer le papier !
- Et comment ? On attend que ça ressorte ?
- Exactement ! Ca finira bien par sortir.
- Ca sent mauvais comme situation, c’est le cas de le dire !
- …
- J’ai une idée pour récupérer plus vite ce papier.
- Heu qui est ?
- Facile ! Comme quand on va chercher quelque chose dans une pièce : on ouvre la porte avec une clé et on entre. Sauf que là un couteau remplace la clé !
- Mais tu es ignoble avec les animaux !
- Bon bon, moi je disais ça pour aider.
- En attendant faut l’attraper…
- C’est parti !
- Non Victor ! Ne fais pas ça !

Mais il avait déjà bondi sur le chat qui commença à sauter partout dans la pièce, poursuivi par le garçon. Le vacarme et le chaos qui s’en suivit furent phénoménaux. Finalement, après quelques tours dans la chambre, il réussit à attraper Fougueux au vol juste avant que celui-ci ne saute par la fenêtre. Malheureusement, il fut emporté par son élan et passa par la fenêtre avec le chat. Voyant cela, Frédéric se dépêcha de dévaler l’escalier pour le rejoindre. Il ne vit la vieille dame qui commençait à grimper les marches que trop tard….

*
* *


- Ce n’est pas de ta faute voyons ! consola Victor. Tu ne pouvais pas savoir que ta grand-mère venait te voir aujourd’hui et qu’elle apportait un vase de famille très précieux !
- Je vais me pendre…..
- Arrête d’essayer de me faire plaisir ! On a récupéré le papier au moins !
- Youpi…

Après s’être fait viré de la maison pour la soirée après avoir fait tomber la grand-mère et le vase, Frédéric avait rejoint son ami qui avait fait vomir le chat en lui tombant dessus. Ce dernier, outré, avait alors pris la poudre d’escampette. Dans le vomi, entre les croquettes et les restes du pigeon, se trouvait le message. Ils le lurent, et leurs vies basculèrent alors.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeMar 20 Mar - 12:38

Chapitre 3: Un peu d'histoire.


Afin de rendre cette histoire, déjà confuse, un peu moins embrouillée, un peu d'histoire s'impose. Commençons donc par le commencement.
Le monde où se déroule ce récit se nomme Sekai.
Il comportait autrefois un continent unique appelé Verenigd mais une catastrophe naturelle a provoqué la Grande Séparation il y a des milliers d'années. Cela a entraîné la division de Verenigd en cinq continents, deux îles ainsi que l'apparition d'une faille dimensionnelle d'où avaient surgis des créatures inconnues et étranges, telles que les Gnarax, les Cristos ou encore les Sombres, avant de se refermer.
Ces derniers étaient des créatures mystérieuses possédant la capacité insolite de disparaître dans n'importe quel coin d'ombre, d'obscurité et autres ténèbres. Ils pouvaient donc être complètement invisibles durant la nuit s’ils le voulaient. Craints au début, ils avaient finalement réussi à s'intégrer dans la société après des années de méfiance. Les Sombres travaillaient à présent en tant qu'espions et tueurs à gages. Certains puissants de ce monde les utilisaient comme garde personnelle comme le Registre.
Le Registre était le chef de l'Ordre Magique qui comprenait tout individu utilisant la magie ou la sorcellerie. Dès qu'un Registre mourait, un autre était élu par l'Ordre. Il fallait qu'il soit bien sûr le plus fort mais aussi le plus sage de tous afin que le pouvoir ne lui monte pas à la tête et qu'il ne tente pas de dominer le monde grâce à son incroyable puissance magique. Siégeant à la cité de la Bibliothèque, il dirigeait l'Ordre Magique depuis sa tour. Mais il y eu parfois des dérapages dans la nomination de ce personnage.
Ainsi, il y a un siècle de cela, le Registre élu était bien le plus fort mais pas le plus sage. Il se nommait Faléquime et s'était spécialisé dans la magie ténébreuse.
Dévoré d'ambitions et ayant une énorme soif de puissance, il se mit en tête que, puisqu'il était le plus fort, le monde lui appartenait. Il rallia donc les Gnarax, Cristos et toutes les autres créatures maléfiques, venues ou non de la faille. Fort de cette armée diabolique, il s'autoproclama maître de Sekai et se lança dans sa conquête.
Malheureusement pour lui, il se montra trop inconscient dans sa perpétuelle recherche de pouvoir qui l'obsédait. En effet, il voulut s'approprier la légendaire Pierre Obscure.
Cette pierre était censée être à l'origine de la catastrophe de la Grande Séparation et renfermerait donc une puissance incroyable capable de créer un monde, de le diviser ou de le détruire. Le problème est que, selon la légende, elle se trouverait dans la faille dimensionnelle. Pour la rouvrir il fallait produire une énergie égale à celle qui a séparé Verenigd, ce qui posait un léger souci à Faléquime qui, bien que très fort, ne possédait pas une telle puissance.
Afin de pallier à cela, il décida d'absorber toute la magie de tout le monde. Pour ce faire, il devait réunir les plus puissants membres de l'Ordre Magique à un endroit surplombant le monde entier, allier son pouvoir aux leurs et lancer ainsi à partir de lui un gigantesque sortilège d'absorption qui formerait une espèce d'énorme toile d'araignée dans le ciel qui aspirerait alors les forces magiques de tous les êtres vivants. La magie accumulée serait ensuite récoltée dans le corps de Faléquime qui l'utiliserait pour ouvrir la faille.
Pour l'endroit il choisit le Toit du monde, la plus haute montagne de Sekai, mais un problème se posa: comment attirer les membres de l'Ordre à qui il avait déclaré la guerre? Il tenta de les capturer mais en vain. Plus grave, ils avaient uni leurs forces et commençaient à repousser son armée.
« Pourquoi ces pitoyables larves ne veulent-elles pas s'incliner devant ma divine et invincible personne comme il est logique de le faire avec un être supérieur tel que moi? »
Telle fut la question existentielle que se posa le tyran. La réponse s'imposa d'elle-même, évidente pour lui: ils étaient stupides. Évidemment, il était tout à fait étrange que des personnes ne veuillent pas se soumettre à un homme voulant les réduire en esclavage.....
Finalement, il décida de servir d'appât et se retrancha avec ce qui restait de son armée (dont la moitié avait déserté) au sommet du Toit du monde, dans la citadelle de Broturien. Là il attendit les magiciens de pied ferme et réussit à tous les piéger dans la fosse à purin. Il leur lança alors un sort d’hypnose et les mena sur le toit. Puis le Registre déchu commença à confectionner le sortilège d’absorption à l’aide des mages devenus légumes.
Par chance, Faléquime avait surestimé ses forces. Lorsque le sortilège d’absorption atteint son paroxysme, il ne réussit pas à le contrôler et son corps ne le supporta pas : il fut alors détruit et disparut sans laisser de traces. C’est ainsi que la plus grande menace de Sekai fut vaincu à cause de son orgueil.
Après cet événement, un grand chamboulement politique apparut, notamment à l’Ordre Magique, ainsi qu’un climat tendu où tout le monde se méfiait de tout le monde. Bientôt, des guerres éclatèrent et les dirigeants ne cessèrent de changer. De plus, les résidus de l’armée de Faléquime et d’autres monstres en profitèrent pour tenter de prendre le pouvoir et attaquèrent les villes. La plus célèbre attaque étant celles des harpies et des Gnarax qui faillirent réussir à prendre Nardu, la capitale. Les monstres finirent par être repoussés et peu à peu, le gouvernement se stabilisa et la paix revint enfin. On appela cette période troublée les Années Pendules.
Jusqu’à aujourd’hui, aucun événement ne vint plus troubler cette paix. Jusqu’à ce fameux appel au secours de Jelifar….
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeMar 20 Mar - 12:40

Chapitre 4 : En route pour la Bibliothèque !


Jelifar a toujours été un homme qui attachait une grande importance à la manière d’écrire. Par ailleurs, son passe-temps favori était de faire de la musique avec sa magie. Et cela se voyait dans son message.

« Un Sombre mécréant m’a jeté dans le troisième cachot du second sous-sol de la Bibliothèque en raison des paroles que j’ai surpris et qu’il ne fallait pas ouïr. J’aimerais bien y rester le moins possible donc si vous pouviez venir m’aider ce serait gentil. Par contre, si vous êtes un brigand, un mage noir ou un monstre, merci de remettre ce message où vous l’avez trouvé.

Signé : Jelifar, le magicien musicien »


Tels furent les mots que lurent Frédéric et Victor, assis sur les marches de la maison de Frédéric.

- Bon on fait quoi ? demanda l'ami de ce dernier.
- On va l’aider ?
- T’es plus comique que moi parfois. La Bibliothèque ! Mais c’est très loin ! Et on aura de la chance si on y arrive en un seul morceau !
- Mais il est en danger.
- Alors montrons le message à tes parents.
- On ne peut pas, j’ai été viré de la maison. Et avec le couvre-feu qui ne va pas tarder, il n’y aura bientôt plus d’adultes. En plus ils ne nous croiraient pas.

Le couvre-feu permettait aux ruraux de ne pas se faire attaquer en pleine rue par des Nocturnes, sortes de chauves-souris noires géantes assoiffées de sang rôdant dans les campagnes et sortant la nuit.

- Autant ce message est une blague, reprit Victor.
- Dans ce cas, pourquoi y a-il un billet de menace derrière ? Qui n’a pas la même écriture ? Ca veut dire que cet homme n’avait que ce papier sous la main et donc qu’il est prisonnier.
- Il est plutôt pris au piège que pris au nier.
- ….
- Tu m’as convaincu. Par contre, il y a un léger problème.
- Lequel ? demanda Frédéric.
- Nous ne sommes que des adolescents, pas des personnages de roman. Par conséquent, comment allons-nous réussir à atteindre la Bibliothèque sans nous faire détrousser par des brigands, déchiqueter par des harpies, griller par des Furias? Sans compter la soif, la faim, la…..
- Je crois que j’ai compris l’idée générale.
- Tant mieux, tu vas pouvoir entrer dans l’armée !
- ….
- Bref, nous n’avons aucune provision, aucun équipement et aucun moyen de transport. Dans le genre mission de sauvetage, on a déjà vu mieux non ?

Les deux garçons en étaient là de leur réflexion lorsque quelqu’un s’arrêta devant eux et les regarda d’un air narquois. Ils relevèrent la tête et virent Rudolf avec un gros sac à dos.

- Oh non pas lui ! bougonna Victor.
- Quel accueil chaleureux, ironisa Obtus. Que faites-vous là ? Vous voulez vous faire manger par les Nocturnes ?
- Très drôle. Et toi ? Pourquoi n’es-tu pas chez toi ? Et c’est quoi ce sac à dos ?
- Et bien figures-toi que, grâce à mon intellect très développé, j’ai été admis à l’université de la cité de la connaissance ! Je vais enfin côtoyer de vrais étudiants de ma valeur ! Des étudiants rationnels comme moi.
- J’imagine une école avec plein de Rudolf, ce doit pas être beau à voir !
- Persifle toujours. Là-bas je réussirais à prouver que l’Ordre Magique n’est qu’un gigantesque bluff. Parce que je suis certain que….
- Que la magie n’existe pas, tu nous l’as répété je ne sais combien de fois, soupira Frédéric.
- Exactement ! Donc j’ai pris quelques affaires et j’allais prendre la navette-souffleuse quand je suis tombé sur vous.

Les souffleuses étaient un moyen de transport privilégié à Sekai, bien que peu développé en raison de sa coûteuse fabrication. C’est d’ailleurs pour cela que les souffleuses pour les particuliers étaient rares et qu’elles étaient plutôt destinées au transport en commun, financées par les Etats. Ayant la forme d’une assiette renversée, leur principe était simple : de petits tubes placés sur les côtés aspiraient de l’air qui était ensuite rejetée à une très grande vitesse par des trous situés sous et à l’arrière de la souffleuse. Cela permettait au véhicule d’avancer au-dessus du sol, ce qui était très pratique pour éviter les cailloux, creux et autres bosses de la route, notamment en montagne.

- Allez je vous laisse ! J’ai ma navette à prendre. Au plaisir de ne plus vous revoir ! lança Rudolf avec un signe de la main avant de s’éloigner.
- Bon débarras ! s’exclama Victor. Une bonne chose de faite.

Frédéric avait l’air songeur :

- Victor, il a dit qu’il allait à la cité de la connaissance …
- Et alors ?
- Alors la cité de la connaissance, c’est la Bibliothèque !
- Mille glousseurs ! Il faut le rattraper !

Et ils se lancèrent à sa poursuite. Ils le rattrapèrent au moment où il allait arriver à la station.

- Allons bon ! Qu’est-ce que vous voulez encore ? Je vous suis si indispensable que ça?
- Pas dix, ni même deux pensées !
- Abruti…..

Frédéric prit alors une profonde inspiration et la parole :

- Rudolf, combien as-tu de billets pour la navette?
- Hein ? Quatre au cas où ma famille aurait voulu venir avec moi, mais elle a préféré rester ici. Pourquoi ?
- Nous aussi nous avons besoin d’aller à la Bibliothèque. Alors pourrais-tu, s’il te plait, nous donner deux billets pour la navette ?
- Mais bien entendu que je vais vous donner les billets afin que vous puissiez voyager gratis….. Vous croyez vraiment que je vais vous aider ?
- Ce n’est pas pour nous, intervint Victor, mais pour sauver quelqu’un.
- Ben voyons ! Vous êtes de vaillants guerriers vous maintenant ?
- Bon, va falloir être plus persuasif, conclut Victor.

Et il tapa un grand coup sur la tête d’Obtus qui s’écroula.

- J’ai toujours dit que ses discours étaient assommants !
- Mais tu es fou ! Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
- Très simple, on passe chez moi pour prendre des provisions et du matériel de camping, on lui emprunte deux billets et on prend la navette !
- Mais…. et lui ? Il va se faire dévorer par les Nocturnes s’il reste là !
- Bon et bien nous n’avons qu’à l’emmener avec nous dans la navette.
- …..

C’est ce qu’ils finirent par faire. Après s’être équipé chez Victor et dit aux parents qu’ils allaient faire un peu de camping dans la Forêt Feuillue durant quelques jours, ils entrèrent dans la navette en portant Rudolf, ce qui étonna le contrôleur.

- Notre ami était un peu fatigué et il s’est assoupi ! dit Frédéric en tendant les billets avec un grand sourire.

Ils parcoururent durant la nuit la distance séparant Dante de la Bibliothèque et arrivèrent aux portes de la cité à l’aube, soutenant l'incrédule toujours inconscient.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeMar 20 Mar - 12:40

Chapitre 5 : Le sauvetage



Les rues surpeuplées de la Bibliothèque étaient construites d’une manière particulière qui faisait que l’on arrivait toujours devant la tour. Frédéric et Victor n’eurent donc aucune difficulté à trouver l’entrée principale, encadrée par deux gardes armés de hallebardes et vêtus du traditionnel uniforme violet à plume blanche. Ils la franchirent et se retrouvèrent dans un immense hall.
Sous leurs pieds, un tapis mauve menait à un grand escalier permettant d’accéder aux étages supérieurs. De part et d’autre du tapis se trouvaient des blocs de marbre soutenant des bustes d’anciens Registres ayant particulièrement bien dirigé l’Ordre, leur nom indiqué par une petite plaque de cuivre. A droite du grand escalier, on en apercevait un autre qui descendait en spirale, bien moins majestueux. Il était étroit, sombre et les marches semblaient glissantes.

- Et maintenant? demanda Victor.
- On descend au second sous-sol, répondit son ami.
- Bon ben c’est parti !

Et ils entamèrent la descente du petit escalier.

*


Pendant ce temps, une curieuse scène se déroulait. Deux morceaux de falaise rattachés entre elles à leur base par des poutrelles de métal flottaient très haut dans l’espace, survolant le monde. Chacune des falaises comportait une plate-forme de pierre à leur sommet. La première plate-forme était large de seulement dix mètres et une stèle noire y était posé. Sur la seconde de cinquante mètres de diamètre se trouvait un homme et deux oiseaux sur des perchoirs, un perroquet et un hibou. Le hibou dormait. Les plates-formes étaient reliées entre elles par un pont de corde.
L'homme était grand, brun, le teint très pâle à la limite du blanc et uniquement vêtu d'une tunique couleur saphir. Il paraissait parler tout seul.

- Je suis certain qu'il y a un moyen de sortir d'ici!

C'est alors que, aussi étrange que cela puisse paraître, le perroquet lui répondit:

- Pourquoi vouloir partir d'ici alors qu'on y est bien?
- Silence toi le piaf! Ne recommence pas à m’embrouiller!
- A quoi sert d'avoir la parole si l’on doit se taire?
- Tu m'énerve avec tes questions!

Il s'emporta alors et fit un geste de la main, ce qui entraina.....rien du tout.

- A quoi bon tenter d'utiliser la magie alors que le temps et l'espace n'existent pas ici? observa le perroquet.
- Si le temps n'existe pas, pourquoi parlons-nous alors??
- Qui sait? Peut-être ne sommes-nous que des illusions.
- Je ne suis pas une illusion! Je suis l’être vivant le plus puissant de tous les temps! s’anima l’homme.
- Mais es-tu réellement vivant? Peut-être n’es-tu qu'une simple marionnette dotée d'une conscience...
- Et dire que ça fait plus d'un siècle que ça dure!
- Est-ce vraiment un siècle? Puisque le temps n'a pas cours.... objecta le volatile.
- Ca suffit! Et d’abord, pourquoi est-ce toujours toi qui est réveillé? Pourquoi pas le hibou?
- Si l’oiseau du Doute est en éveil, l’oiseau de la Certitude dort. Et ainsi de suite, pour l’éternité...
- Je ne comprend jamais rien à ce que tu me racontes!
- C’est normal, la parole n’est rien. Les mots sont si éphémères....

*


La sentinelle qui gardait les cachots du second sous-sol de la tour de la Bibliothèque s’ennuyait ferme appuyé sur sa lance, il ne se passait jamais rien ici!
Ce garde roux à l’air bênet se nommait Gédéon-Lionel-Urbain-Bertrand mais tout le monde l’appelait Glub pour abréger.
Il décida de passer le temps en allant causer un brin avec les rares prisonniers. Justement, un vieil homme en robe bleue avait été emprisonné dans la cellule du fond il y a peu et il n’avait pas encore eu l’occasion de lui parler. Glub alla donc le voir et l’apostropha joyeusement à travers les barreaux du judas:

- Salut papy! Comment qu’ça va?

Le papy en question gromella quelque chose de peu flatteur envers les sentinelles qui ne laissaient pas tranquille les honnêtes gens emprisonnés injustement et se tourna vers le mur du fond.

- Pfffff c’est bien ma veine, pensa Glub en s’éloignant, je tombe encore sur un ronchon! A quand la relève?

*


Rudolf avait mal à la tête. Il s’était réveillé cinq minutes auparavant adossé au mur d’une auberge de la cité située près du portail.
A présent, il déambulait à travers les rues en tentant de remettre de l’ordre dans ses idées encore brumeuses. Apparemment, ces imbéciles de Curafre et de Rueffag l’avaient assommé, s’étaient servi de ses billets pour utiliser la navette et se rendre à la Bibliothèque.
Bon, il se trouvait dans la ville, c’était tout ce qui comptait pour le moment. Les deux idiots pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient, il s’en moquait.
Un sauvetage avait dit Victor? Ils avaient définitivement perdu la tête, déjà que c’était pas fameux avant.
Maintenant, il fallait se rendre à l’université.

*


Frédéric et Victor étaient bien embêtés: quelle cellule était celle de Jelifar? Il devait y en avoir une bonne cinquantaine au deuxième sous-sol.

- Bon et bien nous n’avons plus qu’à regarder à travers chaque judas, trancha Frédéric.

Son ami l’arrêta d’un geste de la main.

- Chut! Tu n’entend rien?

Une voix provenant de l’angle du couloir venait de lancer un retentissant “Salut papy! Comment qu’ça va?” auquel lui répondit un gromellement étouffé. Puis des pas retentirent, se rapprochèrent et une sentinelle rousse apparut, qui s’arrêta à leur vue.

- Allons bon, qu’est-ce que vous faites là les jeunots? Z’êtes perdus?

Un instant désarçonné, Frédéric reprit rapidement son sang-froid et répondit qu’ils venaient voir leur oncle Jelifar qui purgait une petite peine de prison ici.

- Vous parlez du vieux pas bavard? Ma foi, les visites ne sont pas interdites du moment qu’il ne s’agit pas d’un criminel dangereux. Par ici!

Glub les conduisit jusqu’à la cellule du magicien et les fit entrer. Victor se précipita sur Jelifar et l’étreignit vigoureusement.

- Cher oncle ! Comme tu m’as manqué !
- Hein ? balbutia le vieil homme éberlué.
- Jouez le jeu, lui chuchota le garçon à l’oreille, nous sommes ici pour vous sortir de là.
- Ah heu oui bien sûr. Mon neveu ! Cela fait si longtemps !

Le garde essuya une larme. Frédéric le remarqua et lui demanda ce qui n’allait pas.

- Oh c’est juste que c’est tellement beau ces retrouvailles !
- …….

Il était temps de faire la diversion prévue pendant que Glub pleurait, pensa le garçon. Il recula discrètement jusque dans le couloir. Là, il alla à une porte de cellule dont il tira le verrou, seul moyen de fermeture. Puis il ouvrit la porte et fit signe au prisonnier de sortir.
Celui-ci était de petite taille avec une barbe brune et vêtu d’une tunique noire en cuir de glousseur.

- Enfin libre ! s’exclama-il d’une voix rauque avant de se précipiter hors de sa prison.

Glub eut tout juste le temps de venir voir ce qu’il se passait avant que le détenu ne lui chipe le poignard accroché à sa ceinture.

- Mais….mais…..mais ! Qu’as-tu fait ? Pourquoi as-tu libéré Kehle, le plus dangereux prisonnier du sous-sol !?
- Le plus dange….oh noooooon ! pâlit Frédéric.
- Et si gamin, fit l’intéressé d’un air goguenard, je suis le fameux brigand égorgeur ! Et cela faisait pas mal de temps que j’avais envie de taillader la gorge d’un garde !

Héroïquement, Glub se mit devant la fripouille pour protéger les garçons et leur ordonna de s’enfuir.

- Avec plaisir, lança Victor, par contre nous emmenons notre « oncle » avec nous !
- C…comment ? Mais…..non ! tenta de protester la pauvre sentinelle.

Mais ils ne lui laissèrent pas le choix et coururent en le laissant à son triste sort, suivi du magicien qui n’y comprenait pas grand-chose. Ils réussirent à sortir sans encombre de la tour et ne s’arrêtèrent essoufflés que cinq rues après.

- Bon et maintenant, si vous me disiez qui vous êtes ? demanda Jelifar.


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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeMar 20 Mar - 12:41

Chapitre 6 : L’aventure commence…



- Si je comprends bien, résuma Jelifar, vous êtes venus sauver une personne que vous ne connaissez pas sur la seule foi d'un morceau de parchemin, en mentant à vos parents et en utilisant des moyens peu honnêtes pour parvenir jusqu'ici. Vous êtes vraiment des irresponsables!
- Dis donc papy, je te rappelle qu'on vient de te sauver d'une agonie longue et douloureuse dans ta petite cellule mal éclairée et avec vue sur la décharge, rétorqua Victor.
- Papy ? Papy ??? Petit impertinent ! On ne t’a jamais appris à respecter tes aînés ?!
- Vous n’êtes pas mon aîné vu que nous ne sommes pas de la même famille et que je n’ai pas de frère.
- C’est pour ça que je déteste la jeunesse, soupira le pauvre magicien, tous des malpolis…

C’est à cet instant que Frédéric décida d’intervenir :

- Heu bon, à présent que vous savez qui nous sommes, pourriez-vous nous raconter ce qui vous est arrivé?

Et Jelifar leur conta son aventure, depuis ses maux d’estomac au pigeon invoqué accidentellement.

- Il ne me restait alors plus qu’à attendre et espérer que quelqu’un reçoive le message. Puis vous êtes arrivés. La suite, vous la connaissez, finit-il.
- Je vois. Donc vous avez entendu quelque chose que vous n’auriez pas dû entendre et qui a l’air assez grave, réfléchit Frédéric.
- C’est sûr que c’est pas aigu !
- Que savez-vous sur ce Théo Dardand monsieur Jelifar ? Continua le garçon.
- Pas grand-chose. Tout ce que je sais, c’est qu’il est le chef des Sombres de la Bibliothèque et qu’il est réputé pour son manque de scrupules. Je ne l’ai rencontré qu’une ou deux fois mais je l’ai trouvé mauvais dès le premier coup d’œil. De plus, certaines rumeurs racontent qu’il serait un humain qui a été enlevé à sa famille lorsqu’il était bébé.
- Un humain possédant des pouvoirs de Sombre ? Totalement impossible ! Objecta Victor.
- C’est ce que disent les rumeurs.
- Et bien nous ne sommes pas d’humeur à avoir un rhume, alors pas de rumeurs !
- ……..
- Hum, c’est bien beau tout ça mais que comptez-vous faire maintenant ? Demanda Frédéric.
- Je vais aller immédiatement prévenir le vénérable Registre, lui seul saura comment réagir.
- Ah ? J’espère que tu es influent, parce que ce sera ta parole contre celle de Théo. Et à la place du Registre, j’aurais plutôt tendance à croire le chef de ma garde personnelle qu’un voyageur de passage tel que toi, remarqua Victor.
- Comment osez-vous me tutoyer ?! Nous n’avons pas élevé les glousseurs ensemble que je sache ! Et d’abord, je ne suis pas un simple mage de passage, je suis le grand magicien musicien Jelifar !
- Musicien ?
- Exactement ! Je joue de la flûte admirablement. Malheureusement, je l’ai perdu lorsque j’ai été jeté en prison…
- Nos oreilles sont sauvés.
- Vous dites ?
- Rien, rien ! Et quel genre de magie utilisez-vous ?
- Et bien, je possède un pouvoir fabuleux : j’ai le don de faire apparaître des pièges à souris à volonté !
- Ca c’est utile….

A ce moment, un homme passa devant eux et s’engouffra dans la taverne d’en face, un homme que Jelifar connaissait : Ulrivan. Il lui emboîta le pas, suivi de Frédéric et de Victor intrigués.

- Il y a un souci ? Demanda Frédéric
- Chuuuuuut ! C’est le bibliothécaire, celui qui parlait avec Théo ! Je me demande bien ce qu’il fait ici…

On ne voyait pas grand-chose dans la taverne, l’air étant masqué par une épaisse fumée provenant du tabac des clients. Néanmoins, nos amis parvinrent à repérer Ulrivan assis à une table et en grande conversation avec un individu d’aspect assez louche. Ils se rapprochèrent discrètement d’eux et s’assirent à une table voisine. Une tapisserie rouge rongée aux mites les cachait aux yeux du bibliothécaire mais ils parvenaient tout de même à entendre tout ce que disait sa voix rocailleuse.

- Le chef commence à s’impatienter, Il veut des résultats au plus vite.
- Je fais ce que je peux, tu crois que c’est facile à trouver une gemme philosophique ? S’énerva l’autre
- Moins fort ! Tu as trouvé quelque chose ?
- Ca se pourrait bien….
- Et bien, dis moi donc !
- Les temps sont durs tu sais…commença le bonhomme.
- D’accord j’ai compris, combien ?
- Hum… 5000 avec les intérêts.
- Tu es pire qu’un Sombre !
- Inutile de tenter de me flatter, allonges plutôt la monnaie.

Ulrivan lui tendit une bourse à contre-cœur, qu’il empocha.

- Merci bien.
- Alors ?
- Alors la gemme du Savoir se trouve dans la forêt de Calambour.
- Tu en es sûr ?
- J’en suis même certain. J’ai vu la pierre de mes propres yeux mais malheureusement des Gnarax me sont tombés dessus avant que je puisse m’en emparer. Trois de mes hommes sont tombés et j’ai dû fuir en emportant leurs corps. Je les ai enterrés.
- Où ?
- Dans le cimetière pourquoi ?
- Je ne te parle pas de tes hommes, je te parle de l’endroit où tu as aperçu la gemme.
- Dans la forêt de Calambour.
- Oui mais où exactement ?
- Et bien avec le traumatisme de cette attaque, je crois que ma mémoire me joue des tours.
- Combien ?
- 500 avec la prime de risques.
- Les voilà, fit le bibliothécaire en lui jetant la bourse au visage.
- Ah je me rappelle à présent, c’était dans la clairière au centre-nord de la forêt.
- Bon, je vais prévenir le Sombre.


Ulrivan se leva, paya sa commande et sortit. L’homme à qui il parlait ne tarda pas à en faire autant, laissant nos héros dans l’interrogation.

*


Pendant ce temps, au fond d’une vallée balayée par les vents, un individu de petite taille avançait difficilement à travers les arbres, craignant de se faire emporter à chaque pas. Il arriva finalement devant un monastère mal éclairé dont les silhouettes des tours se découpaient sur le ciel saignant du crépuscule. Il frappa à une grande porte ornée d’une tête de harpie qui s’ouvrit presque aussitôt. Le petit bonhomme pénétra alors dans le bâtiment et avança à travers un labyrinthe de couloirs. Puis il s’arrêta devant une porte en bois d’if blanc qu’il ouvrit.
Dans la pièce où il arriva se tenait un homme blond siégeant sur une sorte de trône fait d’ossements. L’homme était vêtu d’un costume de chasse orange sombre sur lequel était cousu un écusson représentant un marteau lançant des éclairs. Il se dégageait de lui une impression de puissance qui mettait mal à l’aise. Son visage s’éclaira d’un sourire aussi chaleureux que son trône lorsqu’il aperçut son visiteur.

- Mon cher Kehle ! Cela faisait longtemps !
- Oui seigneur, j’ai réussi à m’évader grâce à deux garçons imbéciles.
- Je le sais déjà, mon lieutenant m’en a informé. Il m’a aussi dit que ces mêmes individus ont libéré le vieux qui en sait trop.
- Le curieux est libre ? Voulez-vous que j’aille m’occuper d’eux, seigneur ?
- Ca ira merci, j’ai d’autres projets pour toi. Tu vas te rendre dans les souterrains du Ravin Flamboyant. D’après mes informations, la gemme du Pouvoir s’y trouverait.
- A vos ordres seigneur. Et…..qu’allez-vous faire au sujet du vieillard et des deux gamins ?

Le seigneur regarda son serviteur dans les yeux. Celui-ci ne put réprimer un tremblement et baissa le regard.

- Bien que cela ne te regarde pas, je vais te le dire.
- Vous…..vous êtes trop généreux….
- Ils en savent trop. La Rose est en route.
- L…la Rose ? La fameuse Rose ?
- Tout juste. Et crois-moi, ces fouineurs ne vivront plus très longtemps !

Et il éclata d’un rire sonore qui couvrit le vacarme du vent.

*



Dans le même temps, Victor, Frédéric et Jelifar tenaient un conciliabule.

- A votre avis, qu’est-ce que c’est que cette gemme philosophique ? Interrogea Frédéric.
- Je n’en sais rien, je séchais les cours d’histoire magique lorsque je faisais mes études, ça me barbait trop, répondit Jelifar.
- Cela se remarque la longueur de votre barbe ! Se moqua Frédéric.
- ….
- Monsieur Jelifar, reprit Frédéric, je pense que les gens qui vous ont emprisonnés ne nous laisseront pas tranquille, nous en savons trop et pas assez.
- Comment ça pas assez ?
- Nous n’avons aucune preuve contre Théo et Ulrivan. Nous ne pouvons pas les confondre devant le Registre.
- Alors que proposes-tu ? Demanda son ami.
- Je propose d’aller à la forêt de Calambour pour récupérer la gemme avant eux. Cela nous ferait une bonne preuve.
- Et allez, il repart dans ses folies. Dois-je te rappeler que Dardand et compagnie sont très dangereux et que nous ne sommes que de simples adolescents comme les autres ?
- Nous ne sommes pas seuls ! Jelifar est avec nous !
- Exactement, intervint l’intéressé, n’oublies pas que je suis un puissant magicien musicien ! Ton ami a raison, la seule chose à faire est d’aller subtiliser la pierre avant eux pour s’en servir de preuve.
- Très bien, allons-y alors, en route pour la forêt de Calambour ! Un vieillard mélomane, un fou qui se prend pour un héros et un comique, quelle équipe ! S’enthousiasma Victor, sa bonne humeur retrouvé.

De désespoir, le vieil homme se tourna vers Frédéric.

- Il est toujours comme ça ?
- Heu oui.
- Ce voyage promet….


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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeMer 21 Mar - 6:18

Chapitre 7 : Une embuscade


L’université Oscar Nomagic était réputée pour être la meilleure et la plus sérieuse des écoles du pays. Tous les élèves prometteurs y effectuaient leurs études au sein de la Bibliothèque. Il était donc tout naturel que Rudolf Obtus y fût admit.
Après avoir erré dans les rues pendant une bonne heure, le garçon avait enfin réussi à localiser son futur lieu d’études.
A présent, il nageait dans le délicieux bain de la physique avancé, des mathématiques et autres sciences rationnels, loin de toute absurdité magique et d’imbéciles dans le genre Rueffag. Le bonheur !

*


- QUOI ?! 500 durons le billet ?! Mais c’est du vol !
- Possible, mais le trajet est dangereux et la seule navette disponible dans la cité actuellement est la mienne, rétorqua le contrôleur.

Jelifar tentait tant bien que mal de marchander le prix du billet de la navette pour se rendre à Satirou, la ville la plus proche de la forêt de Calambour. Frédéric et Victor avaient les billets qu’ils avaient « emprunté » à Obtus mais ce n’était pas le cas de Jelifar.

- C’est une catastrophe, dit le magicien en se tournant vers ses compagnons, je n’ai pas une telle somme et traverser les montagnes à pied est bien trop risqué !
- Hum…. Rudolf ne nous a-il pas dit qu’il avait quatre billets ? Deux pour moi et Frédéric, un pour lui et un quatrième. Et si on allait gentiment lui demander ce dernier billet? Proposa Victor.
- Après ce que nous lui avons fait, je ne pense pas qu’il veille nous approcher à moins d’un kilomètre.
- Bah ! Il est à l’université non ? Or, cette école est à moins d’un kilomètre d’ici. Puisque la distance de sécurité n’est déjà pas respecté, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout et y aller ?
- C’est vrai que vu comme ça… Qu’en pensez-vous Jelifar ?
- J’en pense que nous n’avons pas le choix. Comme il ne me connaît pas, il suffira que je lui demande moi-même et qu’il ne vous voit pas.
- Excellente idée, approuva Frédéric.
- Oui, même si ce n’est plus une Cellente !
- …..

C’est ainsi qu’ils se dirigèrent vers l’université Oscar Nomagic. A l’accueil ils firent connaissance avec un homme au front haut et à la mine patibulaire.

- C’est pour une inscription ? Demanda-il.
- Une visite. Nous désirons voir notre camarade Rudolf Obtus, répondit Frédéric.
- Pour quel motif ?
- Il a oublié son écharpe avant de partir.
- Son écharpe ? Par cette chaleur ?
- Il est très frileux.
- Dans ce cas, vous n’avez qu’à me la remettre. Un surveillant la rapportera dans son dortoir.
- C’est que, je préférais la lui donner moi-même, intervint Jelifar.
- Très bien. Je vous demande un instant.

Il sortit un gros registre du comptoir et commença à le compulser.

- Voyons, voyons. Oargon Aragon… Oasis Ysgoud… Oaztio Bernard… Oblius Eliane… Ah voila! Obtus Rudolf, section Sciences Extrarationnels Supérieures (SES) . Il est en ce moment même en cours de Sciences Irascibles (SI). Veillez vous avancez dans la salle d’audience je vous prie, première porte à droite.

Jelifar attendit donc dans la salle d’audience tandis que Frédéric et Victor restèrent dans la rue. Rudolf fut introduit quelques minutes plus tard.

- On m’a dit que vous me rapportiez mon écharpe monsieur… Monsieur ?
- Jelifar.
- Monsieur Jelifar. Cependant, un point me chiffonne : je ne possède pas d’écharpe.
- Normal, ce n’était qu’un prétexte pour vous demander un service.
- Quel genre de service?
- J’aimerais que vous me prêtiez un de vos billets de navette. Je dois me rendre à Satirou de toute urgence et je n’ai pas assez d’argent sur moi.
- Et comment êtes-vous au courant de l’existence de ces billets ?
- Heu bonne question…
- Il n’y a que deux personnes au courant hormis ma famille : Curafre et Rueffag !
- Qui et qui? Fit Jelifar d’un air maladroit.
- Ne faites pas l’innocent, ce sont eux qui vous envoient n’est-ce pas ?
- Ben… C’est à dire que…
- C’est bon j’ai compris. Ils sont derrière tout ça. Et bien vous pouvez aller leur dire que ma réponse est non !
- Tant pis pour toi mon garçon, je vais devoir employer les grands moyens, soupira le vieil homme. Je vais invoquer ma puissante magie !
- La magie n’existe pas, ce n’est que du bluff pour éblouir les naïfs.
- C’est ce que nous allons voir, monsieur l’incrédule !

Et Jelifar commença à réciter une incantation compliquée sous le regard dubitatif de Rudolf. Un surveillant entra au moment même où le sortilège fut lancé…

*


Ici, ce sera parfait. Ils seront forcés de passer par-là, c’est la seule route qui évite les nids de harpies. Si d’autres voyageurs les accompagnent, ils auront été au mauvais endroit au mauvais moment, j’ai horreur des témoins. Entre ces deux rochers je serais invisible. L’étroitesse du chemin les empêchera de fuir rapidement et les cailloux les gêneront. Tarana est à sa place. Je suis prête…

*


- Renvoyé ! J’ai été renvoyé par votre faute ! Fulmina Obtus.
- Ce n’est pas de ma faute si ce monsieur avait l’orifice nasal sensible… Se défendit Jelifar.
- Mais aussi, quelle idée de lancer un piège à souris !
- C’est le seul sort que je maîtrise parfaitement mais je n’arrive toujours pas à déterminer avec certitude le point d’arrivée. Je ne pouvais pas prévoir que ce point se situerait justement au-dessus du nez de ce surveillant, ni que le choc actionnerait le mécanisme du piège.
- Et pourquoi m’avoir accusé ?
- Je ne voulais pas avoir d’ennuis moi ! En plus, c’était toi qui étais le plus près de la porte, tu étais plus crédible. Qui aurait pu soupçonner un honorable vieillard d’avoir fait une farce aussi stupide ?
- …..
- En tout cas, renchérit Victor, il y a un point positif : tu as eu la preuve que la magie existait.
- Du pipeau, se récria Rudolf, le piège était caché dans sa manche et il l’a tout simplement lancé !
- Tu es désespérant… Au fait ! Tu nous prêtes ton billet finalement ?
- Vous me harcèlerez jours et nuits si je ne vous le donne pas ?
- Exactement !
- Pfff. De toute façon, je n’en ai pas besoin, tenez, le voilà.

Rudolf sortit le billet de sa poche et le tendit de mauvaise grâce à Jelifar qui le prit avec un grand sourire.

- Merci beaucoup mon garçon !
- Comme si j’avais eu le choix… Bon, je n’ai plus qu’à rentrer chez moi.
- Tu prends la navette ? Nous aussi ! Faisons la route ensemble, proposa Frédéric.
- Du moment que je me débarrasse rapidement de vous…

Tout en discutant, le petit groupe avait atteint l’arrêt de la navette-souffleuse. Ils montrèrent leur billet au contrôleur et s’installèrent à l’intérieur du véhicule qui démarra une minute plus tard en direction des montagnes.

- Et ça ne m’a pas coûté un seul duron, constata Jelifar d’un air satisfait.

En plus d’eux, il y avait trois autres passagers. Un homme brun en armure arborait fièrement le blason de la capitale. Il portait une grande épée dans le dos et était coiffé d’un casque en fer en forme de feuille de chêne. Il avait l’air assez costaud. Les autres voyageurs étaient deux femmes de taille moyenne, l’une noir de cheveux et l’autre châtain. La châtaigne devait avoir à peu près le même âge que les garçons tandis que sa compagne était adulte. Toutes deux étaient vêtus d’une tunique en cuir gris.
L’homme se leva pour saluer les nouveaux arrivants.

- Bonjour chers compagnons de voyage ! Quelle est votre destination ?
- On t’en pose des questions ? Répliqua vertement Obtus.
- Oui, là tu viens de lui en poser une, imbécile ! Excusez notre ami, il est un peu énervé. Nous nous rendons à Satirou et lui à Dante, expliqua Victor.
- Moi aussi je vais à Satirou ! Tout comme ces dames d’ailleurs, précisa le chevalier en montrant de la tête les deux femmes. Je me nomme Bouhrein Kognedur, je viens de Nardu. Je suis mercenaire et je vais vendre mes services à Satirou.
- Enchanté ! Je m’appelle Victor Curafre, voici mon ami Frédéric Rueffag, notre… heu notre oncle Jelifar et notre camarade insolent, c’est Rudolf Obtus.

Tous se levèrent à tour de rôle pour serrer la main de Bouhrein, à l’exception de Rudolf qui boudait toujours.

- Je suis ravi d’avoir de la compagnie ! Les autres ne sont pas très causantes !
- Elles sont muettes ? Demanda Frédéric.
- Non mais elles n’ont toujours pas lâché un mot depuis que je suis là.

Intrigué, le garçon les examina plus attentivement. Elles avaient de grands yeux bleus qui ressemblaient à d’étranges puits sans fond. De plus, la plus âgée portait un arc en bandoulière et un carquois à la ceinture. Il trouvait la jeune assez jolie mais n’eut pas le temps de réfléchir davantage : un violent choc fit trembler la navette.

- Allons bon ! Qu’est-ce qui se passe encore? On n’est jamais tranquille avec vous ! Grogna Rudolf.

Kognedur sortit pour voir ce qui se passait, suivi de Frédéric, Victor et Jelifar. La navette était tombée sur le sol, ses moteurs coupés. Ils se trouvaient dans une gorge étroite où la souffleuse avait à peine la place de passer. En hauteur à leur gauche, se tenait une femme armée d’une épée entre deux rochers.
Elle avait des cheveux blancs et était vêtu d’une robe de soirée. Tous ses vêtements, de ses longs gants à ses talons aiguille, était de couleur rose sombre. Son épée était recouverte de signes compliqués sur la lame et une rose rouge de verre en ornait le pommeau.

- Bien le bonjour messieurs, fit-elle d’un ton narquois, c’est un beau jour pour mourir ne trouvez vous pas ?
- Si tu parles de ta personne, je suis d’accord, femme ! S’exclama Bouhrein en tirant son épée.
- Du calme grande gueule, je ne suis pas là pour toi mais pour tes compagnons. Le contrat ne concerne qu’eux.
- Contrat ? Notre tête est mise à prix ? Mais qui êtes-vous ? S’étonna Frédéric.
- On me nomme la Rose, je suis la meilleure tueuse à gages de Sekai. Et la prime sur vos têtes est assez alléchante je dois dire. Bon, c’est pas tout ça mais je vais devoir vous tuer. Une dernière volonté ?

Frédéric et Victor acquiescèrent de la tête.

- Oui ?
- Pourriez-vous nous laisser partir en vie ?
- Refusé. Et toi ?
- Moi avant de mourir j’aimerais savoir comment vous faites pour vous battre en talons aiguille sans vous casser la figure.
- …..
- Assez de paroles, battons-nous !

Bouhrein s’élança vers la Rose, épée levée. Celle-ci fit un mouvement avec la sienne. Un éclair partit de l’extrémité de la lame et foudroya le pauvre mercenaire, ne laissant que l’armure.

- Et d’un ! Qui est le suivant ?
- C’est bizarre, mais je le sens plutôt mal, fit Frédéric.







Note de l'auteur, c'est à dire mwa: J'aimerais bien connaître votre avis sur cte modeste récit, histoire de savoir si je me casse pas le c** à le raconter pour rien (j'aime être direct Rolling Eyes ) Merci d'avance Razz
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeJeu 22 Mar - 23:41

Chapitre 8 : La Rose voit rouge



Le vacarme de l’éclair s’abattant sur Kognedur était parvenu à Rudolf resté à l’intérieur de la souffleuse, ainsi qu’une odeur de brûlé.

- Ils font des grillades ou quoi? J’aimerais que l’on reparte. Vous avez une idée de ce qu’il se passe? Demanda-il aux deux femmes.

Aucune réponse ne lui parvint, elles restèrent impassibles.

- Bon d’accord j’ai compris, autant parler à un livre de mathématiques – encore que lui peut m’apprendre des choses intéressantes au moins-. Je vais devoir aller jeter un coup d’œil à la situation moi-même, grommela le garçon.

Il sortit de la navette et s’arrêta bouche-bée devant la scène qui s’offrait à lui. L’armure du mercenaire gisait sur le sol, fumante, au pied d’une pente au sommet de laquelle se tenait une étrange femme dont l’épée crépitait. Frédéric, Victor et Jelifar lui tournaient le dos, faisant face à la femme.
L’incrédule déglutit puis commença à reculer lentement vers le rocher le plus proche. Arrivé à la hauteur du minéral, il se jeta prestement derrière à plat ventre et se réceptionna assez douloureusement. Entre-temps, l’inconnue avait à nouveau brandit son arme et des éclairs parcouraient les runes de la lame.

- Houla, j’ai l’impression que c’est mauvais pour nous, s’inquiéta Jelifar.
- Ton impression est justifiée vieillard, se moqua la Rose, tu te nommes bien Jelifar, et tes compagnons Frédéric et Victor?
- Heu oui pourquoi?
- Parce que je tue toujours mes cibles par ordre alphabétique. Le F est avant le J et le V. Je vais donc continuer par le gamin aux cheveux de charbon, continua-elle en désignant Frédéric.
- Mes cheveux ne sont pas du charbon! Protesta celui-ci avec véhémence.
- Ca veut dire qu'ils sont de couleur noire...
- Ah d'accord.
- Bien, il est temps de mourir à présent! Proclama-elle.
- Non, intervint Victor, c'est mauvais!
- Comment?
- Mauvais temps!
- .....

Tout en secouant la tête d'un air navré, la Rose abaissa la lame de l'épée vers Frédéric qui n'eut que le temps de se jeter sur le côté pour éviter de justesse l'éclair violet qui en jaillit. Sa tête heurta une pierre.

- Ouille ! Mais ça fait mal ! Dit-il en se tenant la tête.
- Normal, c’est fait exprès, triompha la tueuse.
- Je parle du caillou qui m’a tapé la tête, pas de votre attaque, précisa Frédéric.

Piquée au vif, la Rose lança un autre éclair que le garçon esquiva de justesse en se réfugiant derrière un rocher.

- Du calme, madame la Tulipe, vous allez finir par vous blesser avec vos éclairs, dit Victor.
- Sache petit impertinent, siffla la Rose, que je sais très bien maîtriser les éclairs de Tarana et qu’il n’y a donc aucun danger qu’ils ne me touchent. Et je ne m’appelle pas la Tulipe !
- Pardonnez-moi madame la Jonquille, je n’ai pas la mémoire des noms. Mais qui est donc cette Tarana ?
- Mon épée, imbécile !
- Vous donnez un nom à votre arme… Je vois…Cela doit arriver lorsque l’on n’a pas d’amis à qui parler, je suppose. Ne vous en faites pas madame la Margueritte, je suis certain que cela peut se soigner à Pulras, la cité des guérisseurs.
- Ca suffit ! Sais-tu à qui tu parles ?! Explosa la Rose.
- Oui, à une femme tellement désespérée de ne pas avoir d’amis qu’elle parle à son épée.
- Non ! A la plus sanguinaire des tueuses à gages ! Je vais te tuer pour ce que tu viens de dire ! Et je m’appelle la Rose !
- Vous ne pouvez pas me tuer, fit Victor en la regardant dans les yeux.
- Et pourquoi donc ? Tu as un atout dans ta manche et c’est pour cela que tu te permets d’être insolent ? Demanda la tueuse, intriguée.
- Pas exactement. Vous avez dit que vous tuiez vos cibles dans l’ordre alphabétique. Vous devez donc d’abord vous occuper de Frédéric et de Jelifar avant moi, expliqua le garçon avec calme.
- Silence !!!

Folle de rage, la pauvre Rose commença à lancer des éclairs sur Victor. Heureusement, son corps tremblait beaucoup sous l’effet de la colère et cela déréglait ses tirs : ils s’écrasaient tous à côté de leur cible. Quant au petit groupe, il avait sauté derrière des rochers en attendant que la tueuse se calme.

*


Les éclairs de la Rose jetaient par une fenêtre une lueur violette dans la souffleuse. Le « combat » était suivi avec intérêt par les deux femmes à travers la vitre. Après deux minutes d’observation, la plus jeune finit par rompre le silence.

- Qui sont ces hommes, Noémie ? Demanda-elle d’une voix fraîche.
- Je n’en sais rien mademoiselle, répondit sa compagne en secouant négativement la tête, je ne connais que le vieil homme. Il se nomme Jelifar et il serait l’un des magiciens les plus mauvais de l’Ordre.
- En tout cas, je suis rassurée : ce n’est pas pour nous que la Rose est ici.
- Oui, c’est une chance. Mais je ne crois pas qu’il sache où nous sommes. Il doit probablement nous croire à Truesdal.
- Je trouve qu’ils se battent plutôt bien, continua la jeune sans l’écouter.
- Je ne sais pas si le verbe se battre peut convenir à cette situation, mais je dois admettre qu’ils se débrouillent bien en effet.
- Ne penses-tu pas qu’ils pourraient convenir ?
- Ils n’ont pas encore gagné, n’oublions pas que leur adversaire est la Rose, fit remarquer Noémie.
- Tu as raison, attendons.

*


Il faut que je me calme, que je me contrôle. Ce morveux ne cherche qu’à me mettre hors de moi afin de pouvoir me vaincre facilement. Sous ses dehors d’imbécile, il est redoutable. Je comprends à présent pourquoi la prime est aussi élevée. Je les ai sous-estimés mais cela n’arrivera plus. Je les tuerais, aussi vrai que l’on m’appelle la Rose !

*


Les éclairs cessèrent, la Rose se calmant progressivement. Puis elle sourit et sauta à bas de la pente. S’avançant du rocher derrière lequel se cachait Frédéric, elle le trancha verticalement d’un grand coup d’épée. Les deux morceaux de roche se séparèrent et tombèrent, le dévoilant.

- Comme je vous l’ai promis, c’est par toi que je continuerais, susurra-elle.
- Je ne te laisserais pas faire, vipère ! Tonna une voix.

Elle se retourna : c’était Jelifar.

- Moi, Jelifar, le grand magicien musicien, je vais te battre !

Il commença à adopter des postures mystiques en invoquant des puissances infernales. Amusée, la Rose s’approcha de lui et le regarda faire. Soudain, le vieil homme lui planta ses deux doigts dans les yeux en hurlant une formule d’un air terrifiant. Rien ne se passa.

- C’est étrange, dit-il, normalement mes doigts devraient chauffer et sa tête devrait imploser. Mes doigts sont bien en train de chauffer, mais sa tête n’implose pas.

Cependant, aveuglée par la douleur, la tueuse lâcha son épée et recula de quelques pas. Frédéric en profita pour lui donner un coup de pied au derrière. Ce n’était pas très galant ni très courageux, mais c’était efficace : la Rose tomba par terre la tête la première. Blessée aux yeux et dans son amour-propre, elle se releva néanmoins, ivre de vengeance.

- Tu vas me payer ça vieillard, et très cher ! *HIC*

Ouvrant des yeux ronds, elle porta sa main à sa gorge. Le sortilège de Jelifar venait de lui donner le hoquet !

- Oups, j’ai dû me tromper quelque part…. Fit celui-ci.
- Ca, *HIC* je ne peux *HIC* vous le pardonner *HIC* , hoqueta-elle, le temps de *HIC* ramasser Tarana et…
- C’est de ça dont tu parles ? Demanda Victor en brandissant l’épée en question.
- Espèce de sale petit *HIC* Gnarax, rends-moi ça *HIC* tout de suite !
- Sinon quoi ? Tu vas me tuer ? C’est ce que tu as l’intention de faire de toutes manières non ?

Et il se jeta sur elle, la lame levée. Mais la tueuse esquivait facilement ses coups et il donnait ses coups d’épée dans le vide.

- Tu n’es qu’un gamin *HIC*, tu ne sais pas manier *HIC* une arme, et encore moins une épée aussi puissante que Tarana *HIC*, ricana-elle, sa bonne humeur retrouvée.

Soudain, un éternuement provenant d’un rocher près de la navette lui fit tourner la tête. C’était Rudolf qui commençait à attraper froid.
Victor en profita pour asséner une attaque de toutes ses forces. La Rose réagit trop tard pour éviter complètement l’assaut et son bras droit fut transpercé par la lame qui y resta plantée.

Hurlant de douleur, elle retira Tarana avec son bras valide et fixa d’un air meurtrier Rudolf qui s’était relevé.

- Toi… *HIC* Tu es le prochain sur ma liste, en plus de tes *HIC* amis, dit-elle d’une voix tremblante de colère.

Puis elle se tourna vers Victor qui s’était prudemment éloigné.

- Je ne peux continuer *HIC* avec un bras en moins, lui dit-elle, mais nous nous reverrons. Je n’ai *HIC* jamais raté un seul contrat !
- Il faut un début à tout, rétorqua le garçon.

La tueuse prononça une incantation et disparut. Victor s’écroula par terre. Les jambes de Jelifar et de Frédéric tremblaient. Rudolf s’approcha, furieux.

- A cause de vous, j’avais déjà été renvoyé de l’université. Mais maintenant j’ai un tueur aux trousses ! Je suis maudit ! Mais pourquoi est-ce que je vous connais ?
- Nous aussi on t’aime, fit Victor d’une voix faible, un petit sourire aux lèvres.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeJeu 22 Mar - 23:43

Chapitre 9 : Satirou



Teurd, le contrôleur et conducteur de la navette-souffleuse, se réveilla au milieu de la cabine de pilotage en désordre. Il se releva et se frotta le crâne : il se rappelait être aux commandes de la navette lorsqu’un grand choc avait secoué celle-ci. Teurd avait alors perdu l’équilibre et connaissance, il en déduisit que sa tête avait dû heurter un mur.
A présent, l’homme décida de découvrir l’origine de cet arrêt forcé et s’extirpa de la cabine. Il parcourut l’allée centrale de la navette et ouvrit la lourde porte qui menait dehors avant d’en franchir le seuil. Il se heurta à quelqu’un et tomba à la renverse. L’inconnu l’aida à se redresser. C’était l’un de ses passagers, le vieil homme à la barbe blanche vêtu d’une robe de magicien bleu azur.

- Justement je venais vous chercher, s’exclama-il, nous aimerions savoir si nous pouvions repartir rapidement !
- Heu, que s’est-il passé ?
- Oh rien, un simple éboulis ! Un rocher qui a cogné la navette. Nous sommes sortis afin de constater les dégâts.
- Nous ?
- Oui ; moi, mes compagnons et le mercenaire en armure.

Les compagnons en question arrivèrent justement : le brun était soutenu par celui aux cheveux noirs. Quant au grand blond, il paraissait furieux.

- Que lui est-il arrivé ? Interrogea Teurd.
- Il a trébuché.
- Et LUI ? Il a également trébuché je suppose, railla le contrôleur.

Teurd montrait du doigt l’armure toujours fumante de Bouhrein Kognedur.

- Ah heu le mercenaire ? Il a décidé de continuer à pied, il a dit qu’il aimait le sport, expliqua vaguement le magicien.
- En laissant son armure et son épée ? Alors que les Montagnes Rouges grouillent de harpies ?
- La vie nous lance ses petits défis. Le sien est de traverser les montagnes seul, sans arme et sans protection.
- Je comprends, fit Teurd, peu convaincu.
- Hum, pourrions-nous repartir à présent ?
- Je vais voir si les commandes répondent.
- Ah ? Elles parlent ?

Inutile de préciser que c’était Victor qui venait de prendre la parole…
Le contrôleur haussa la épaules et retourna dans la salle de pilotage. Après avoir abaissé quelques leviers, appuyé sur quelques boutons et tapé sur quelques écrans, il poussa un soupir de soulagement lorsque la navette démarra.

- En souffleuse tout le monde ! S’écria Victor.
- Tu n’es pas sensé être épuisé après ton combat ? Fit remarquer Frédéric.
- Je récupère vite !
- Malheureusement, soupira Rudolf.

Néanmoins, Victor s’écroula sur la banquette de leur compartiment, un bras pendant, et s’endormit d’un coup. Il commença à ronfler bruyamment.

- Il ne se tait donc jamais, pas même pour dormir ! Moi je change d’endroit, fit Rudolf avant de quitter le compartiment, excédé.

Frédéric et Jelifar s’installèrent à leur tour sur la banquette, de part et d’autre de leur compagnon.

- Votre ami est bizarre.

Le garçon et le vieillard tournèrent la tête vers la jeune fille châtain qui venait de parler, assise sur la banquette d’en face avec sa compagne. Ils avaient oublié leurs présences. Un instant interlocuté de voir qu’elle possédait l’usage de la parole, Frédéric lui répondit en bafouillant un peu.

- Le ronfleur ou le râleur ?
- Les deux. Et vous aussi d’ailleurs, vous avez réussi à chasser une personne très dangereuse.
- La bonne femme de tout à l’heure ? Demanda Jelifar.
- Cette bonne femme, comme vous dites, a la réputation d’être la meilleure et la plus cruelle des tueuses à gages.
- Et bien on dirait que sa réputation est surestimée, constata Frédéric.
- Ou bien vous avez eu beaucoup de chance.
- C’est une façon de voir les choses. En tout cas, on ne la reverra pas de sitôt !
- C’est vous qui le dites…
- Mais au fait, qui êtes-vous ?
- Moi ? Une jeune fille ordinaire, accompagné de sa mère. Je me nomme Hé…
- …lise ! Elle s’appelle Elise ! Quant à moi, je suis Noémie, intervint vivement sa compagne.

La dénommée Elise regarda sa mère en haussant les sourcils, l’air surpris. Cela ne dura qu’un bref instant, juste avant qu’elle ne se reprenne.

- Oui, je m’appelle Elise. Nous venons de Latos, un port situé à l’est du lac de Kol.

Le lac-mer de Kol, immense étendue d’eau douce d’une superficie d’environ cent treize mille kilomètres carrés, s’étirait au centre de Sekai. Gigantesque réservoir à poissons de toutes sortes, le lac attirait de nombreux pêcheurs qui s’installaient sur ses côtes.
Cependant, ceux-ci n’osaient pas s’aventurer trop loin à cause des légendes concernant de fantastiques créatures aquatiques qui vivraient dans le lac.
De plus, c’est au cœur de ce lac que se trouvait la très mystérieuse île de Puredpois, ancienne terre du peuple des Furias avant l’apparition des Cristos. Ceux-ci avaient alors chassé les Furias et s’étaient installés dans l’île. Depuis, personne ne s’en était plus approché, à l’exception d’un ermite à moitié fou qui s’y était rendu il y a longtemps. On ne le revit jamais.

- Et… J’ai cru comprendre par le regretté Kognedur que vous vous rendiez à Satirou, c’est exact ? Reprit Frédéric.
- C’est exact, nous avons des affaires à régler là-bas.
- Mais cela ne vous intéresse pas je suppose, interrompit une fois encore la mère d’Elise en jetant un regard noir à sa fille, et vous ? Qu’allez vous faire à Satirou ?
- Oh et bien nous avons l’intention de visiter la forêt de Calambour, répondit Jelifar, visiblement ravi de s’adresser enfin à une adulte et non plus à des gamins.

Jelifar et Noémie continuèrent à discuter durant tout le voyage. Victor dormait toujours, Rudolf boudait dans le compartiment voisin et Frédéric jetait des regards en coin à Elise.
Le garçon se sentait tout drôle quand il la regardait, comme s’il avait des nœuds au ventre. Il pensa que ce devait être son déjeuner qui passait mal mais trouvait cela bizarre tout de même.
La navette finit par sortir du défilé grisâtre des montagnes. Trois heures après, elle fit une halte à Dante où, curieusement, Rudolf ne descendit pas. L’incrédule fit une entrée fracassante dans le compartiment une heure plus tard, les cheveux en bataille.

- Je me suis endormi ! On a dépassé Dante ?!
- Depuis une bonne heure, l’informa Frédéric.
- Quoi ?! Mais comment je fais à présent ? Avant de revenir vers notre village, la souffleuse va jusqu’à Pulras qui est beaucoup plus au sud !
- Tu n’as qu’à venir avec nous, proposa gentiment Rueffag.
- Plutôt me faire arracher les yeux par des Gnarax !
- N’oublie pas que tu as une tueuse aux trousses…
- Ah je vous déteste ! C’est bon, je reste avec vous ! Mais à la première occasion, je retourne chez moi !

Et il retourna dans sa cabine en maugréant.
Le lendemain, ils arrivèrent enfin à Satirou. Après avoir réveillé Victor (« Kesskisspass ? Encore cinq minutes maman… ») nos héros descendirent de la navette et avancèrent jusqu’à la place principale. Elise et Noémie les quittèrent pour aller régler leurs affaires.
Bâtie juste à la lisière de la forêt de Calambour, la couleur dominante de ce village était le vert. En effet, les murs et les toits des maisons étaient tous recouvert de feuilles de chêne vert, de platane ou de châtaigner. Satirou était décoré de guirlandes de fleurs rouges, jaunes et bleues accrochées aux bâtiments. Les rues étaient pratiquement désertes à l’approche de la nuit, seuls erraient quelques chats.
Au centre, sur la place, se trouvait une grande statue posé sur un piédestal de marbre, également garnie de guirlandes de fleurs. Elle représentait un homme souriant habillé pauvrement, le bras et l’index tendu vers la forêt.

- Magnifique n’est-ce pas ? C’est le fondateur du village, Quercus, fit une voix.

Un vieil homme assis sur un banc venait de leur adresser la parole, adossé sur une canne en bois de chêne.

- Il a vécu toute sa vie dans la forêt de Calambour, continua l’homme, et en avait une parfaite connaissance. Quercus en aimait chaque arbre, chaque buisson, chaque branche, chaque feuille. Il a alors décidé de fonder Satirou, afin que tous ceux qui aiment la nature puisse y vivre le plus près possible en harmonie avec elle.
- Nous sommes ravis de l’apprendre monsieur… Monsieur ? Demanda poliment Frédéric.
- Maurice. Je suis le doyen du village et je renseigne les voyageurs, assis sur mon banc de pierre. Vous êtes là pour la fête ?
- La fête ?
- Oui, la fête de Erutan qui n’a lieu qu’une fois par siècle. C’est pour cela que le village est décoré de ces guirlandes. Durant cette cérémonie, nous célébrons la nature et la forêt de Calambour. Nous nous échangons également des présents, les visiteurs de passage sont bien entendu invités.
- Une fête qui n’a lieu qu’une fois par siècle, s’emballa Frédéric, quelle chance ! C’est une heureuse coïncidence qui nous amène à Satirou justement au bon moment ! Je suis certain que c’est un signe du destin !
- Au bon moment ? La fête de Erutan est terminée depuis trois jours, vous l’avez manqué de peu.
- Oh, fit le garçon, déçu. Nous n’avons pas de chance !
- Vous n’avez qu’à revenir dans cent ans.
- Nous n’y manquerons pas, railla Victor. Au fait, vous n’avez jamais entendu parlé d’une gemme philosophique qui se trouverait dans la forêt ?

Maurice blêmit soudain et se leva subitement. Marmonnant rapidement qu’il avait quelque chose à faire, il s’éloigna précipitamment.

- Ben ça alors ! C’est tellement pressant ce qu’il a à faire ? Ce pauvre homme souffre peut-être de diarrhée…
- Je pense plutôt qu’il sait quelque chose mais ne veut rien révéler, dit Jelifar.
- Hum, dans ce cas, pourquoi rester ici ? Allons chercher cette mystérieuse pierre !
- Victor a raison, approuva Frédéric, dépêchons-nous avant qu’un autre mercenaire à la solde de Théo ne nous tombe dessus.

Ils sortirent alors du village et s’enfoncèrent parmi les arbres de la forêt de Calambour, sous le regard figé de Quercus.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeSam 24 Mar - 12:41

Chapitre 10 : Promenons-nous dans les bois, pendant que le Gnarax n’y est pas !



La nuit tombe doucement sur la forêt de Calambour, enveloppant les arbres de son sombre manteau. Lentement, le sommeil gagne les habitants de la forêt, les végétaux même semblent s’affaisser comme pour s’installer pour dormir. Tout n’est que calme, silence et sérénité…

- Cela fait des heures qu’on marche ! Quand nous arrêtons-nous ?!
- Tu exagères Rudolf, cela fait seulement deux heures, dit Frédéric, néanmoins il est vrai que nous pourrions camper puisque l’obscurité est là. Qu’en pensez-vous les autres ?
- Je suis d’accord pour bivouaquer ici, répondit Jelifar.
- Ma foi, hauts les cœurs et bas les pieds ! En d’autres termes, arrêtons-nous, fit Victor.

Un campement de fortune fut rapidement installé entre deux pins noueux et une souche morte.

- Bien ! A présent, je vais nous allumer un bon petit feu, annonça Jelifar.
- Avec ta magie ? Demanda Curafre.
- Evidemment !
- Dans ce cas, attends que je me sois un peu éloigné s’il te plait.
- Petit insolent !
- Je dirais plutôt petit prudent…

Pendant que Victor (et également Frédéric), s’éloignaient de quelques pas, le magicien s’approcha de la souche et commença à marmonner des formules, les doigts au-dessus du tronc. Cinq minutes passèrent.

- Voulez-vous que nous vous aidions, proposa Rueffag, nous avons des allumettes.
- Certainement pas, protesta Jelifar, je n’utilise pas toute ma force magique pour le moment, j’y arriverais !
- Ah ? Ce n’était qu’un échauffement ? Ironisa Victor.
- …

Jelifar réussit à faire apparaître une goutte d’eau qui s’écrasa sur le bois et le mouilla.
Finalement, le mage ravala sa fierté et Frédéric frotta une allumette sur un petit tas de branches, qui prit aussitôt feu.

- C’est à vous dégoûter de la magie, commenta Jelifar, au fait, je me demande où est Rudolf.

Un ronflement lui donna la réponse.

- Il se fatigue vite l’incrédule…

Après un repas frugal, le petit groupe tint conseil.

- La forêt est sûre en général, dit Jelifar, mais apparemment des Gnarax y rôdent en ce moment, selon les dires du mercenaire de la taverne.

Les Gnarax étaient la lie de Sekai. A l'instar des Sombres et des Cristos, ils avaient surgis de la faille dimensionnelle issue de la division de Verenigd.
Bagarreurs, stupides et cruels, tuant pour un oui ou pour un non, incapables de vivre en communauté, leur histoire n'était constituée que de guerres et de massacres entre clans.
De plus, une terrible soif de pouvoir les rongeait, et ils utilisaient à l'excès la moindre parcelle d'autorité qu'ils parvenaient à obtenir. C'est en utilisant cette avidité qui ressemblait à la sienne que Faléquime, le sombre Registre, a rassemblé ces monstres sous sa bannière.
Après la défaite de celui-ci, les Gnarax ont tenté de prendre le contrôle de Sekai en s'alliant avec les harpies et en attaquant Nardu. Heureusement, ils furent repoussés et les survivants se sont repliés à l'ouest, sur le continent de Friknarg.
Le fait de leur présence dans la forêt de Calambour était aussi inhabituel que préoccupant.

- Connaissez-vous bien cette forêt, monsieur Jelifar ? Interrogea Frédéric
- Très peu. Je sais seulement qu’un grand édifice en pierre aurait été construit en son cœur il y a longtemps par le peuple Furia, un temple leur rappelant leur ancienne capitale, Hupeltaz.
- Les Furias, le peuple en exil… Fit le garçon, songeur.
- A mon avis, dit Victor, c’est dans ce fameux temple que doit se trouver cette gemme philosophique du Savoir.
- Cela m’étonnerait, le bâtiment est en ruine à présent, et personne n’y a jamais trouvé le moindre trésor.
- Pourtant, c’est le seul endroit où pourrait être la pierre !
- Le mercenaire a désigné une clairière au centre-nord, pas le temple. Il l’aurait précisé si elle s’y trouverait.
- Inutile de tergiverser davantage, intervint Frédéric, nous verrons demain!
- Calambour n’est pas si grand, nous devrions arriver à la clairière dans environ une à deux heures de marche, précisa Jelifar.
- Dans ce cas dormons, je prends le premier tour de garde, proposa Rueffag.
- Ben voyons, s’exclama Victor, et comment comptes-tu nous défendre si un Gnarax attaque ?
- Heu…
- Ne t’en fais pas, le rassura vite son ami, si un de ces monstres approche, tu n’auras qu’à faire ce que je fais d’habitude.
- C’est à dire ?
- Improviser !
- …

Victor alla se coucher en riant, suivi par Jelifar. Frédéric resta seul à veiller près du feu, se levant de temps à autre pour jeter une branche dans le brasier.
Les secondes s’égrenèrent, se changèrent en minutes puis en heures. Puis Frédéric alla réveiller Jelifar qui le relaya. Le magicien se plongea dans une contemplation quasi-mystique du feu.
Les flammes miroitaient devant ses yeux et dansaient tel un ballet infernal, exécutant des pirouettes vertigineuses. Les danseuses enflammées se mirent à faire une ronde, décrivant un large cercle de feu vertical qui tournait de plus en plus vite et se rapprochait de plus en plus du visage de Jelifar. La chaleur le fit suffoquer. Une pomme de pin tomba sur le sol.
Le vieil homme s’arracha brusquement de cette vision terrifiante et tomba sur l’herbe humide, humant avec force la fraîcheur des brins pour retrouver ses esprits.

« La fatigue me monte à la tête, pensa-il, je commence à avoir des hallucinations ! »

Le reste de la nuit se passa tranquillement et Victor succéda à Jelifar. Le lendemain, tout le monde était debout vers huit heures, à l’exception de Rudolf qui dormait encore.

- Debout Rudolf ! Il est temps de se lever ! Le secoua Frédéric, sans succès.
- Les jeunes d’aujourd’hui sont tous des fainéants, déplora Jelifar.
- Laissez-moi passer s’il vous plait !

Victor déboula avec des feuilles couvertes de rosée qu’il secoua au-dessus de la tête d’Obtus. L’effet ne se fit pas attendre :

- CURAFRE !
- On dirait bien que c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase !

Un quart d’heure plus tard, ils avaient repris la route vers la mystérieuse clairière. C’est après une heure et demie de marche qu’ils entendirent les hurlements. Des hurlements bestiaux, inhumains, des hurlements de Gnarax.

- Sortons du sentier, chuchota Jelifar, et continuons prudemment.

Progressant à pas feutrés en direction des cris, ils leur semblaient qu’une étrange et douce mélopée flottait dans l’air.
Soudain, un bruit de pas lourd résonna qui les fit se jeter brusquement dans des buissons de genêt. Sur le sentier à leur gauche apparut un Gnarax qui avançait en chancelant, se tenant l’épaule gauche qui paraissait blessé.
Vêtu d’un simple pagne de cuir, il possédait un crâne allongé rattaché directement à la colonne vertébrale sans cou. Sa grande mâchoire était pourvue de deux rangées de puissantes canines à la manière des squales.
Il avait une peau rouge-orangée et des pointes noires de dix centimètres de longueur recouvraient le dos de sa colonne vertébrale avec cinq centimètres d'intervalle entre chaque pointe. Bien que se tenant courbé, il devait mesurer dans les deux mètres.
Le monstre passa sans les voir, visiblement occupé à fuir quelque chose.
Malheureusement, une rafale de vent se leva, passa entre les branches d’un cèdre en récoltant de la poussière au passage et finit sa course près des narines de Jelifar. Celui-ci tenta de se retenir mais en vain : il éternua bruyamment.
Le Gnarax se retourna et s’immobilisa complètement, ses yeux fouillant la forêt. Brusquement, il se dirigea vers les deux buissons où le groupe était dissimulé en poussant un hurlement rauque.
Ils commencèrent alors à courir, Frédéric et Jelifar d’un côté, Victor et Rudolf de l’autre. Le Gnarax s’arrêta un instant, hésitant, puis choisit de courser Frédéric et Jelifar.

- Oh non, gémit Rueffag, j’ai toujours autant de chance…

Quelques mètres plus loin, Frédéric ne vit pas que les racines d’un arbre dépassaient du sol et il se prit les pieds dedans, s’étalant de tout son long.

- Relèves-toi petit, cria Jelifar en s’interposant entre lui et le Gnarax, je te couvre !

Soudain, quelque chose siffla aux oreilles du magicien et alla se planter dans la gorge du Gnarax, qui tomba sur le dos avec un râle d’agonie.

- Et bien, on ne peut pas vous laisser seuls une journée sans que vous ne vous mettiez dans une situation délicate, s’exclama une voix fraîche derrière eux.

Frédéric se retourna : une silhouette se tenait debout parmi la végétation, un pied sur une souche, un arc à la main et un carquois à la ceinture. Une silhouette familière…

*


Cela faisait bien cinq bonnes minutes que Victor et Rudolf zigzaguaient entre les arbres. Plus ils couraient, plus ils avaient l’impression que la mélodie entendue précédemment s’intensifiait. Enfin, ils débouchèrent dans une vaste clairière.
Six cadavres de Gnarax gisaient sur le sol, autour d’une femme brune. Celle-ci jouait du violon. La musique semblait envahir tout l’espace, était douce et oppressante, tel un étau se refermant doucement mais sûrement. Elle clouait les deux garçons sur place qui ne pouvaient faire un mouvement, subjugués.
La femme les aperçut et cessa de jouer. Le charme disparut en même temps que la musique, comme si un rêve venait de prendre fin. Même si elle ne portait plus son arc en bandoulière ni son carquois, Rudolf et Victor la reconnurent immédiatement.

- Vous voilà enfin, dit Noémie, je commençais à croire que vous ne viendriez jamais.

*


- Elise ! Mais que fais-tu ici ?
- Il me semble que l’arc est assez explicite mon cher Frédéric : je chasse pour le déjeuner. Seulement, ce Gnarax faisait fuir les pigeons avec ses hurlements. Il fallait donc que je le fasse taire.
- M…Merci de nous avoir sauvés !
- C’est tout naturel, je n’allais quand même pas le laisser vous étriper tout de même ! Et puis, je suis certaine que tu en aurais fait autant pour moi, dit Elise en souriant.

Frédéric rougit.

- Dites donc les jeunes ! Vous avez l’air de m’oublier mais je suis là aussi !
- Ah oui, salut Jelifar.
- …
- Bon, pour dire vrai, nous vous attendions. Malheureusement, nous avons été surprises par sept Gnarax dans la clairière plus loin. Noémie devait s’en occuper mais un des monstres a réussi à s’échapper. Je l’ai donc suivi et je suis tombée sur vous.
- Vous nous attendiez ? Comment cela ?
- Et bien, c’est assez compliqué, asseyons-nous d’abord voulez-vous ?

Elle s’installa sur la souche, Frédéric sur la racine et Jelifar sur une pierre.

*


- Comment as-tu réussi à vaincre six Gnarax à toi toute seule ? Demanda Rudolf. Tu n’es qu’une femme !
- Veux-tu un coup de poing le misogyne ? Si je peux terrasser ces monstres aussi facilement, c’est grâce à ma Qualité.
- Ta quoi ?
- Ma Qualité. Mon point fort si tu préfères. La Qualité est une forme de magie très ancienne, que tout le monde a. C’est comme un don. Chacun possède sa propre Qualité, et elle diffère d’un individu à un autre.
- Cela signifie que nous en possédons une nous aussi ? Intervint Victor.
- Bien sûr, comment crois-tu que tu aie réussi à déstabiliser la Rose ? Grâce à ta Qualité. C’est à dire le Jeu de mots. Tu es un Parleur, Victor, tu maîtrises la magie des mots. Les Parleurs sont très rares de nos jours. Quant à Rudolf, il tire sa force de la Connaissance.
- Ridicule, protesta celui-ci avec véhémence, je ne crois pas en de pareilles sornettes ! Si Curafre a réussi à battre cette tueuse à gages, c’est qu’il était si stupide qu’elle a hésité. Il en a simplement profité !
- Quoi qu’il en soit, il l’a vaincu et tu l’as aidé, c’est ce qui compte, l’interrompit Noémie. Héphylie a donc pensé que vous étiez capable de nous aider.
- Qui est Héphylie ?
- Vous n’avez pas besoin de le savoir.

*


- Comme vous le savez, Sekai est en paix depuis les Années Pendules, expliqua Elise, grâce à un Registre et à un Roi compétents. Cependant, ce que vous savez moins, c’est que cette paix est menacée depuis bientôt deux ans, menacée par un Sombre.
- Théo Dardand ? Hasarda Jelifar.

La jeune fille fronça les sourcils.

- Vous avez déjà croisé la route de Dardand ?
- J’ai surpris une de ses conversations à la Bibliothèque.

Et Jelifar lui conta l’incident des toilettes.

- Je vois, c’est donc pour cela que Ragnarok a envoyé la Rose vous exécuter. Nous avions d’abord pensé qu’il en avait après nous.
- Ragnarok ?
- C’est le Sombre dont je vous parlais. Son but est de renverser l’Ordre Magique et d’instaurer l’Ordre Sombre. Théo Dardand est son lieutenant.
- Un fou mégalomane du genre Faléquime quoi, dit Jelifar.

*


- Si j’ai bien compris, récapitula Victor, un sombre Sombre nommé Ragnarok essaye de prendre le pouvoir par la force, et cela fait deux ans que vous déjouez toutes ses ruses c’est ça ?
- Exactement. Le problème est que sa dernière idée est particulièrement redoutable. Pour mettre son projet à exécution, il doit mettre la main sur les gemmes philosophiques.
- Et en quoi consiste ce projet ?
- Vous n’avez pas à le connaître pour le moment.
- Peut-on au moins savoir ce que sont ces fameuses gemmes philosophiques ?
- Non.
- D’accord… Et que peut-on savoir dans ce cas ?
- Ce que l’on attend de vous.

*


- Mais en fait qui êtes-vous ? Et d’où venez-vous ?
- Je suis désolée Frédéric, mais je ne puis te répondre. C’est trop tôt.
- Et la gemme du Savoir que veut tant Ragnarok, où se trouve-elle ?
- Ici, répondit Elise en riant, elle a été découverte pour la première fois par Quercus, le fondateur de Satirou.

Elle brandit dans sa main une petite pierre grise de la taille d’un demi-poing.

- Les gemmes philosophiques sont indispensables aux projets de Ragnarok. En gros, les gemmes seraient des fragments de la Pierre Obscure. Celle-ci se serait brisée lorsque Faléquime a rouvert la faille dimensionnelle.
- C’est impossible, s’exclama Jelifar en se redressant, Faléquime est mort avant d’avoir réussi à ouvrir le passage !
- Oups, j’en ai trop dit !
- Expliques-toi !
- Navrée, mais c’est trop tôt. Ce qui compte, c’est que vous nous aidiez.
- Mais pourquoi nous ?
- Et bien tout d’abord, vous avez réussi à repousser la Rose, ce qui est un exploit non négligeable. Ensuite, c’est un peu de votre faute si Ragnarok est devenu si fort !

*


- Je refuse de faire quelque chose d’aussi dangereux et d’aussi inutile ! Fulmina Obtus.
- Inutile ? Je ne vois pas en quoi c’est inutile. Au contraire, cela nous permettrait d’être en bonne position si vous réussissez.
- Et bien je refuse quand même !
- Ai-je dit que vous aviez le choix ?

Noémie reprit son violon et se remit à en jouer. La mélopée qui en sortit enveloppa les deux garçons. C’était une musique apaisante, onirique, somnolente. Très somnolente. Ils chancelèrent puis tombèrent sur le sol, endormis.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeDim 25 Mar - 6:08

Quelle histoire comique! ^^
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeDim 25 Mar - 10:35

effectivement, elle est chouette^^
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeDim 8 Avr - 15:08

Chapitre 11 : Le Commando Emplumé


- Je ne comprends pas, dit Frédéric, nous n’avons jamais rencontré Ragnarok. Dans ce cas, comment avons-nous fait pour le renforcer ?
- Il est vrai que je me suis mal exprimé, admit Elise, je voulais dire que vous lui avez fourni un atout redoutable.
- Lequel ?
- Te souviens-tu de ce prisonnier que tu as aidé à s’échapper à la Bibliothèque ? Et bien il s’agissait du second lieutenant de Ragnarok, Kehle, le brigand égorgeur que le Registre a eu beaucoup de mal à capturer.
- Bien joué gamin, railla Jelifar, il devait y avoir au moins cinquante détenus dans ces cellules, et il a fallu que tu libères le bras droit du grand méchant !

Frédéric baissa les yeux de honte.

- Le vénérable Registre est-il au courant de l’existence de cet immonde Ragnarok ? Reprit le magicien.
- Non, celui-ci est très discret et se déplace rarement afin d’éviter de se faire connaître, ce qui ruinerait ses plans.
- Mais et Dardand ? N’est-il pas le chef de la garde personnelle du Registre ? Ne l’avez-vous donc pas prévenu que c’était un traître ?

La jeune fille parut hésiter.

- Et bien, disons qu’il ne fait pas tellement confiance à Noémie…
- Pourquoi ?
- Il a ses raisons, répondit-elle évasivement, c’est pour cela qu’il ne veut pas nous écouter.
- Mais si Ragnarok se fait si petit, comment peux-tu connaître tant de choses à son sujet ? Demanda Frédéric.
- Je sais tout, répondit-elle malicieusement.
- Quelle modestie… Soupira Jelifar.

A cet instant, un éclair gris passa entre Elise et les deux autres. C’était un pigeon. Il prit de la hauteur pour se retrouver au-dessus du petit groupe. Puis, sans crier gare - ce qui est normal puisqu’un pigeon ne parle pas – il plongea sur Frédéric le bec en avant. Le garçon n’eut que le temps de se jeter à terre pour éviter l’assaut. L’oiseau remonta en piqué avant de faire demi-tour pour amorcer une nouvelle attaque.

- J’ai écrasé son ver de terre en trébuchant sur la racine pour qu’il m’en veuille autant ? Il a failli me déchiqueter la tête !
- Et il n’est pas seul, constata calmement Elise.

En effet, une trentaine de pigeons venaient de surgir des feuillages des arbres et volaient à présent en cercle au-dessus d’eux. Elise prit une flèche de son carquois et la plaça sur son arc. Elle tira lorsque l’un des volatiles lui fonça dessus mais celui-ci l’esquiva facilement.
Ce fut comme un signal : tous les oiseaux attaquèrent en même temps dans un tourbillon de plumes. Chacun se défendit comme il put : Frédéric se protégeait le visage de ses bras, Jelifar tentait un sort pour les foudroyer et Elise décochait flèche sur flèche.
Le magicien ne réussit qu’à faire apparaître un pot de fleurs qui lui tomba sur la tête, manquant de l’assommer. Aucune flèche n’atteignait sa cible, les pigeons étant trop rapides pour que la jeune fille puisse viser efficacement.

- Nous n’allons tout de même pas finir tué par de la volaille, ce ne serait pas très honorable ! Grogna Jelifar.
- Modérez vos propos je vous prie, fit une voix au-dessus d’eux, je n’aime pas que l’on insulte ces vaillants soldats.

Perché sur une branche d’un cèdre voisin, Marcel, le vieillard de Satirou, observait la bataille, appuyé sur sa canne.

- Vous ! S’écria Frédéric en manquant de se faire arracher un œil au passage. Mais que faites-vous ici ?
- C’est simple, jeune homme, je veille à ce que les voleurs – c’est à dire vous - soient châtiés. En plus d’avoir le sublime statut de doyen de Satirou, je suis également le chef du Commando Emplumé.
- Le Commando Emplumé ?
- Exactement. Il s’agit d’une escadrille comptant trente-neuf pigeons dont l’objectif est de protéger la forêt de Calambour. Le Commando a été créé par Quercus lui-même il y a longtemps. Il a dressé des pigeons au combat et s’en est servi pour défendre la forêt. Le commandement du Commando Emplumé se transmet de doyen en doyen et les techniques d’assaut pigeonnes d’Emplumé en Emplumé.
- Et pourquoi s’en prendre à nous ?
- Parce que vous avez volé la gemme philosophique du Savoir, le plus grand trésor de Calambour ! Vous n’allez pas vous en tirer comme ça !
- Nous avons soustrait la pierre aux Gnarax, s’exclama Elise, nous essayons de la préserver d’un puissant ennemi !
- Mensonges, inventions et fariboles ! Allez-y mes petits, volez-leur dans les plumes !

Excédée, la jeune fille tira une flèche en direction de Marcel. Mais l’un des oiseaux l’agrippa avec ses pattes au passage, stoppant net sa course.

- Bravo mon petit Rourou, ricana le vieil homme.
- Maudite volaille…
- Ne sous-estimez pas la force du Commando Emplumé, menaça Marcel en brandissant sa canne.
- Bon, ça suffit, cria Jelifar.

Et il lança le pot de fleurs à la tête de Marcel. Le récipient en terre cuite étant trop lourd pour être intercepté, il se brisa sans résistance sur le nez du doyen. Celui-ci tomba en arrière et chuta dans le vide.
Aussitôt, les pigeons cessèrent d’harceler nos héros, allèrent attraper leur maître par ses vêtements et le déposèrent doucement sur le sol, lui évitant ainsi une mort certaine.

- Ne sous-estimez pas la force de Jelifar, lança le magicien.
- Et si vous nous laissiez nous expliquer à présent ? Proposa Frédéric, le visage et les bras couverts d’égratignures sanguinolentes.
- Bon d’accord, accepta Marcel, mais je veux d’abord vérifier vous n’avez pas abîmé la gemme.

Elise lui lança la pierre à contrecœur. Le vieil homme l’examina attentivement pendant une demi-minute durant laquelle une lueur d’amusement sembla passer dans ses yeux. Puis il la tendit à Frédéric qui s’en empara.

- Je suppose que, puisque vous ne l’avez pas abîmé, vos intentions sont pures. Je vous la confie donc.

Rueffag fut surpris par ce brusque changement d’attitude mais décida d’en profiter.

- Et bien Elise, dit-il en se tournant vers elle, à présent que nous avons la gemme, que faisons-nous ?
- C’est fort simple mon cher Frédéric. Vous allez vous rendre au petit village de pêcheurs situé à l’est de Calambour, Telif. Là-bas, vous vous embarquerez sur le lac-mer de Kol, en direction de la lointaine île de Puredpois.

Jelifar ouvrit des yeux ronds lorsque la jeune fille eut fini sa phrase.
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeDim 8 Avr - 16:55

Toujours aussi merveilleusement magnifiquement marrant ^^
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MessageSujet: Re: Le monde de Sekai   Le monde de Sekai Icon_minitimeVen 4 Mai - 11:42

Chapitre 12 : Ce n’est pas le moment de faire de l’esprit !


Guillaume Borepa se frottait les mains, la journée s’annonçait fructueuse à Pulras. Il avait eu une excellente idée de s’installer en tant que voyant. En effet, les habitants de cette ville ne connaissaient que l’art de la guérison et ne savaient rien des autres domaines.
Guillaume avait les yeux marrons et les cheveux bruns, coiffés avec une petite houppette sur le devant. Guillaume avait installé sa tente étoilée dans une ruelle adjacente à la grande rue des médecins. Guillaume était vêtu d’une grande soutane extravagante couleur vert bouteille. Guillaume parlait aux clients avec bienveillance et de grands gestes. Ceux-ci se sentaient en confiance avec lui. Guillaume paraissait fort sympathique. Guillaume était un charlatan.
Le meilleur de sa catégorie. Selon lui.

*


A deux rues de là, Victor et Rudolf faisaient le point sur leur situation tout en marchant. Ils s’étaient réveillés à l’entrée de Pulras, qui se situait à une trentaine de kilomètres au sud de Satirou et de la forêt de Calambour.

- Et évidemment, aucune trace de cette femme, disait Obtus, elle nous a proprement abandonné dans une ville inconnue !
- Bah ! C’est toujours mieux que salement. J’espère que Frédéric et Jelifar ont réussi à échapper au Gnarax.
- Connaissant cet imbécile de Rueffag, je m’inquièterais plutôt pour le Gnarax.
- Mais quelle méchanceté… De toute façon nous les retrouverons après avoir accompli notre tâche.
- Notre ?! Parce que tu penses que je vais faire ce que cette folle nous a demandé de faire ?!
- Ben… oui, tu ne vas pas m’abandonner quand même.
- Je vais me gêner !
- Tant mieux, merci beaucoup Rudolf !
- …
- En tout cas, reprit Victor, il ne s’agit que d’une mission d’éclaireurs afin de collecter des informations sur le domaine de Ragnarok, rien de bien dangereux !
- Sauf que son domaine se trouve quelque part sur le continent de Friknarg, la terre la plus mal famée de Sekai !
- Ah bon ? Il n’y a que des hommes là-bas ?
- …
- Bref. Le continent de Friknarg n’est qu’à dix kilomètres au sud d’ici, il suffit de franchir la Rivière Furieuse par le Grand Pont pour y être. Ensuite, il faudra chercher dans les villes où pourrait se cacher le sombre Sombre. Le tout sans se faire attraper et étriper bien sûr !
- Vaste programme, ironisa Rudolf.
- Exact, on va bien s’amuser ! S’exclama le garçon.
- Oh que non ! TU vas bien t’amuser ! Moi, j’en ai assez, je rentre.
- En navette-souffleuse ?
- Non, je n’ai plus assez de durons.
- Cela veut-il dire que tu comptes t’y rendre à pied ?
- S’il le faut, oui. Mieux vaut faire soixante kilomètres à pied sans danger plutôt que de te suivre dans cette aventure suicidaire !
- Comme tu voudras. Quand pars-tu ?
- Maintenant.
- Puis-je me soulager auparavant?
- Si tu veux, ce doit être des toilettes là-bas.

L’incrédule montrait du doigt une tente rectangulaire au bout d’une ruelle. Celle-ci était de taille moyenne, de couleur bleue nuit et constellée d’étoiles jaunes. Victor se dirigea vers elle et s’y engouffra.
L’intérieur n’avait pas l’air d’être un urinoir public. Les étoiles de l’extérieur étaient présentes au plafond et répandaient une lumière fluorescente. Un grand tapis violet à carrés bleus couvrait le sol. Au fond de la tente se dressait une table en bois de cèdre blanc recouverte d’une grande nappe rouge, sur laquelle reposait un orbe transparent.

- Bienvenue cherrr client, dans la Tente du Tellurisme ! Lança une voix.

Celle-ci appartenait à un homme brun avec une curieuse houppette et habillé d’une étrange robe verte. L’homme se tenait de l’autre côté de la table et parlait avec animation.

- Ravi de vous rencontrer, dit Victor, mais je ne suis pas dans l’attente du tellurisme. Je suis plutôt dans l’attente de toilettes.
- Vous voulez dire que vous êtes entré par hasard ? Bien sûr que non, c’est un signe du Destin ! Le sort a voulu que vous veniez ici ! Mais permettez-moi de me présenter : je suis Guillaume Borepa, le très célèbre voyant !
- Ca tombe bien, je suis voyant moi aussi.
- Ah bon ?
- Ben oui, si j’étais non-voyant, je serais aveugle !
- Heu… C’est très drôle cher client, mais je suis un véritable mystique ! Je peux vous ouvrir les portes du Futur pour seulement dix durons !
- Je préfèrerais les portes des toilettes mais bon…
- Allons, je suis certain que vous avez un destin hors du commun ! Votre avenir ne vous intéresse-il pas ?
- Disons que je le connais déjà. Je parie que j’urinerais dans un futur très proche.
- Nous y voilà cher client ! L’avenir proche est inintéressant ! Je peux vous dévoiler les secrets les plus lointains de votre destinée, prophèta Borepa en décrivant un large arc de cercle devant lui avec son bras.

A ce moment entra Rudolf, qui en avait assez d’attendre.

- Tu en mets du temps ! Je te rappelle que je veux partir rapide… Hé, mais qu’est-ce que c’est que ces toilettes ?
- Bienvenue cher client, l’interrompit Guillaume, bienvenue dans la Tente du Tellurisme !
- Et qui est ce zigoto en robe ?
- Heu, c’est une soutane. Et je suis le très célèbre voyant Guillaume Borepa !
- Très célèbre ? Pourtant je ne vous connais pas, vous ne devez pas être si célèbre que ça.
- Là n’est pas la question cher client, j’ai le don de voir l’avenir, et je peux vous prédire le vôtre pour dix durons !
- Ben voyons, encore un charlatan qui se dit magicien.
- Vous m’offensez cher client ! Fit Borepa, scandalisé. Permettez-moi de vous faire une démonstration gratuite. Si vous êtes convaincu, je lirais le futur de votre ami pour trente durons en compensation.
- Mais c’est du vol ! Se récria celui-ci.
- Non, ce sont les affaires.
- Après tout, dit Rudolf, c’est une bonne occasion de prouver que la magie n’existe pas. J’accepte votre offre, d’autant plus que ce sera Curafre qui paiera ensuite, et non moi.
- Parfait ! Dans ce cas, commençons !

Le voyant posa ses mains sur la table, de part de d’autre de l’orbe. Il commença à se concentrer, marmonnant des incantations.

- O puissances du temps et de l’espace, tonna-il d’une voix d’outre-tombe, je vous demande de m’accorder, durant un instant, une fraction de votre immense pouvoir !
- C’est cela, accordez-le lui, se moqua Obtus.
- Silence cher client, j’interroge les âmes errantes du Grand Sablier du Temps.
- Ce n’est pas le moment de faire de l’esprit alors, dit Victor.
- …

L’orbe se mit à briller intensément et de la fumée grise enveloppa à moitié le corps du mystique. Guillaume Borepa fut soudain secoué de spasmes qui lui firent lever la tête au ciel, les yeux roulant dans leurs orbites.

- Je vois… Je vois…
- Votre plafond ? Suggéra Victor.
- Heu non.
- Pourtant c’est ce que vous regardez.

Guillaume l’ignora.

- Je vois… Un homme… Un homme chez lui… Il est tard… Il est fatigué… Quelqu’un frappe à sa porte… Une femme… Elle insiste pour rentrer… Elle prétend qu’elle est sa fille…
- Ce voyant est fort tout de même. Réussir à voir tout ça au plafond… Moi, je ne vois qu’une toile d’araignée, remarqua Rudolf.
- C’est toi qui as une araignée au plafond, intervint Victor. Tu as voulu cette démonstration, alors tais-toi et écoutes !
- Et c’est lui qui dit ça…
- Silence ! Je suis en communion avec les esprits, alors pourriez-vous arrêter de me déconcentrer ?!

Borepa, excédé, se pencha au-dessus de l’orbe et plongea son regard à l’intérieur. Puis il se figea, telle une statue de cire. Son regard devint blanc.

- Une pierre… Un rocher sombre… Le perroquet… Un ancien dieu… Une âme… Une âme d’orgue… Une âme gonflée de haine… Qui attend… Qui attend depuis si longtemps… Et qui devra attendre encore… Un pacte entre l’âme et la cruauté… Une trahison… L’âme s’étend sur le monde… Elle veut l’avaler… Le consumer… En faire des lambeaux…

Ses yeux se recolorèrent. Il se redressa en se secouant la tête.

- Heu, qu’est-ce que je disais déjà ? Ah oui ! Je vois… Un voyage… Proche… Et prévu…
- Ben voyons, l’interrompit l’incrédule, je l’ai dit en rentrant, ce n’était pas très compliqué à deviner !
- Je ne devine jamais, cher client, j’interroge les forces supérieures de la nature.
- En regardant dans ton bocal à poisson ?
- C’est un orbe de cristal pur !
- Pourtant, dit Victor, il est vrai que ça ressemble à un aquarium : il y a même du sable au fond.
- Ce n’est pas du sable, bande d’ignorants, mais de la poussière d’étoile !
- Et le fumée doit être l’aura du sablier du temps je suppose… Ironisa Rudolf.
- Exactement !
- Dans ce cas, interrogea Curafre, comment se fait-il qu’elle sorte de ce trou ?

Celui-ci avait fait le tour de la table et avait aperçu une grille aux pieds du voyant, à travers laquelle s’échappait la fumée.

- Heu… Et bien… C’est pour l’aération !
- Je le savais ! S’écria Rudolf en tapant du poing contre la table. Vous êtes un imposteur !
- Même si vous êtes plutôt grand et que vous n’êtes pas facteur, ajouta Victor.

Se sentant démasqué et ne sachant pas quoi répondre à ces deux fous, Guillaume décida de battre en retraite. Il sortit une fiole de sous sa soutane et la brisa sur le sol. Une autre fumée - rose celle-là - s’éleva, le cachant complètement. Lorsqu’elle se dissipa, le charlatan avait disparu.
Victor en profita pour jeter un coup d’œil à la grille : la fumée grise provenait d’un petit feu qui se consumait au fond du trou.
Quant à Rudolf, il attrapa l’orbe qui brillait toujours. Un tube de verre y était accroché, le reliant à un trou de la nappe. Un rayon de lumière provenant d’une étoile du plafond passait par ce trou et, par un jeu de miroir, parcourait le tube et allait frapper les parois de l’orbe, l’illuminant du même coup.

- Ce Borepa est un petit malin, dit Victor.
- Mais pas assez pour moi ! Je l’ai percé à jour très facilement. Ce qui prouve que la magie n’existe pas.
- Encore cette histoire… Tu es décourageant…
- Possible, mais je ne m’arrêterais pas là ! Je vais démasquer le Registre en personne !
- Pardon ?!
- Le Registre est le chef de l’Ordre Magique, il est donc le plus grand imposteur en matière de magie ! Et je vais le prouver !
- Parfois, je me demande si tu n’es pas plus fou que moi…
- En tout cas, ce n’est pas à Dante que j’atteindrais cet objectif grandiose. J’ai du mal à l’admettre, mais les voyages sont plus indiqués pour rencontrer tous les magiciens du monde et les confondre un par un.
- Tu veux dire que tu m’accompagnes finalement?
- Malheureusement, oui. Mais ne te réjouis pas trop vite! Cette situation est provisoire.
- Et bien, cela tombe à pic car je n’avais pas d’argent. Toi oui !
- …
- Alors en route ! Notre prochaine destination est le sud, vers le continent de Friknarg ! Mais avant…
- Mais avant ?
- Je vais aller aux toilettes ! Je commence à ne plus pouvoir me retenir…
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